eera meister ? Oui, vraiment
France, fabriqué en France
Juin 19
Le Meister mérite incontestablement un article à part.
Alors je lui consacre un article à part…
Comme je suis d’un naturel parfois soupe-au-lait, je me demande si je ne vais pas commencer par une petite interrogation : peut-être, peut-être Eera nous aurait facilité la tâche en proposant un appareil plus, comment dire, plus démonstratif. Je veux dire un châssis qui en impose, qui revendique de la grosse technologie, du lourd, de l’affirmé…
Non, il a enfermé son actuel chef-d’œuvre (et le mot a du sens !) dans la ligne slim du reste de la gamme, sobre, bien proportionnée mais qui face à beaucoup de manifestation haut-de-gamme, fait un peu chétive.
Je sais bien que ça ne signifie rien, mais certains ont besoin de se rassurer sur l’apparence d’un produit.
Evidemment, quand on l’écoute…
A ce stade, « on » aura le droit de penser que, totalement acquis à la marque, quoi qu’elle propose je vais l’encenser. Oui, « on » en aura le droit, mais « on » aura tort.
Car si d’emblée au moment de la découverte de la première mouture de cette boite à musique, elle déposait à vos pieds des trésors musicaux comme autant d’offrandes exotiques faites à un puissant souverain, autant…
… Eh bien, j’avais quelques petites insatisfactions, d’autant plus difficiles à définir qu’elles ne remettaient absolument pas en question le fait que le Meister laissait à peu près tout le monde à distance (je ne connais pas tout le monde, n’exagérons rien) mais… Mais la sensation que l’appareil n’était pas tout à fait fini, pas tout à fait abouti… transparence inouïe, fourmillements de pépites rares, tenue de très très haut vol, mais…
Et le mais tenait aussi à l’évidence qu’un Majestuoso repousse les limites de la lecture numérique si loin au-delà des frontières de l’imaginable, nous accompagne si profondément au cœur de l’humanité des musiciens, leur inventivité, leur âme, leur chair et leur sang qu’on se disait à l’écoute du Meister: oui, évidemment… Mais…
Oh, ça nous a valu quelques tensions, quelques « mots » avec le Marseillais de service, persuadé que je préférais défendre une autre marque fétiche en apparence plus facile à vendre.
Sauf que le Marseillais, il bougonne mais il écoute aussi. Ses machines, évidemment, beaucoup, et nous… Un peu quand même.
Et un jour il envoie « LA » machine. L’actuel Meister.
Et je devrais arrêter là.
Mais je ne vais pas le faire, bien sûr.
Car si non seulement le bougre avait bien sûr conservé toutes les qualités objectives de la précédente mouture, il les avait repoussées encore pour une résolution hallucinante (ce que recèle un bon fichier, voire un CD avec le Drive Legato me sidère), surtout il avait balayé le petit « mais » en accompagnant la musique délivrée, racée, vivante, expressive, au cordeau mais frémissante, vitalisée et incarnée, d'une plénitude organique dont à notre connaissance une seule machine avant le Meister nous avait comblés, à la différence près d’une plus grande justesse d’équilibre sur le Meister et d’une lisibilité fine supérieure, un petit pas de plus vers le naturel…
Avec cette sensation toujours troublante qu’on repousse les limites du système mais aussi de la pièce, comme si l’ensemble imposait une profondeur du silence aux bruits ambiants.
Dès le Majestuoso, Eera peut combler le cœur mélomane pour une vie. On ne peut s’empêcher dès lors d’être surpris au constat que le Meister vous accompagne plus loin encore dans les méandres de la création musicale, vous installe en son noyau charnel.
C’est totalement anti-spectaculaire (quoique) mais révèle la simplicité de l’authentique.
Tout simplement.