aurorasound supreme

pas moins


Aurorasound n’est pas un nouvel arrivant dans ces colonnes.

Dans un précédent article, j’ai commenté longuement tout le bien que je pense du VIDA, premier préampli phono proposé par la marque japonaise Aurorasound que j’ai eu le plaisir de découvrir et d’intégrer sur le champ il y a déjà de ça quelques années.

Le prix du VIDA originel n’a pas beaucoup bougé et l’objet reste un must ! Il est depuis peu secondé par le bas par un petit Prima, fabriqué au Japon et cependant proposé à 1300 € semble-t-il ! Notable effort de rationalisation car je ne vois pas Shinobu Karaki proposer un appareil au rabais. Le Prima étant paru après la découverte de l’objet de mon article en cours, je lui consacrerai un CR ultérieurement.

Le VIDA originel et ses déclinaisons sont coiffés depuis un moment déjà par une version en deux (4) blocs (Mono VI-8) qui élève l’épanouissement musical du petit frère pourtant remarquable, justifiant son prix sans souci puisque ces deux objets sont tout simplement parmi les meilleurs préamplis phono universels du marché, à quelques intouchables exceptions près peut-être.

Jusqu’à ce que Karl débarque avec un gros carton me disant « je te le laisse, c’est une nouveauté, il n’a jamais été déballé, tu verras il y a des options intéressantes… »

Mouais…

Nous déballons le machin, quand même imposant d’autant qu’il y a aussi un bloc externe en aluminium enfermant l’alimentation, pas des plus légers quand on songe qu’on alimente un préampli phono.

Ce nouveau jouet s’appelle VIDA SUPREME (excusez du peu).

Encombrant soit, mais finalement pas plus que les « mono ».

Les câbles reliant le boitier d’alimentation au boitier principal sont les nouveaux câbles « blancs », de qualité supérieure que j’avais testés avec bonheur sur le Mono VI-8.

La qualité de fabrication est impeccable même si la valeur perçue est possiblement discutable. La façade aluminium très soigneusement microbillée reprend la disposition des autres modèles à l’exception d’un gros sélecteur à droite qui permet de choisir entre cellules MM et MC bas niveau sur la carte principale et des cartes optionnelles. Il y en a deux dans la machine qui m’a été confiée. Je me pencherai plus attentivement sur l’une d’entre elles, à savoir une carte phono par composants discrets, étonnante compte tenu des choix techniques habituels (transformateurs d’adaptation).

Mais, compte tenu de la qualité musicale des réalisations Aurorasound, nul doute que le concepteur a ses raisons, d’autant qu’à pas loin de 13 000 € selon les options, il vaut mieux espérer qu’il ne s’est pas trompé.

On l'écoute ?


la preuve


Evidemment non ! Il ne s'est pas trompé. Vous vous en doutez.

Sinon, on remballe l’appareil, on murmure quelques excuses confuses et on oublie.

Toutefois, la proposition musicale du Suprême est quand même singulière. Son caractère très particulier apparait d’emblée et si le rodage donnera la ductilité qui peut manquer au début, il ne se démentira pas ; en effet, la rigueur est extrême ! Aucune complaisance. C’est évidemment l’esprit des autres modèles de la série VIDA, mais à ce point de tension, de nervosité, de tenue, c’est défrisant. Et ceux qui me connaissent voient l’image !

Cette rigueur ne peut que me plaire dans la mesure où elle ouvre totalement les vannes de l’expression technique des éléments en aval, platine, cellule, pressage etc… et de l’expression artistique ! Tout ce que je cherche parfois un peu inquiet de trouver si peu de candidats.

Car si la restitution du Suprême est déstabilisatrice, elle est incontestablement juste ! On sort des habitudes esthétisantes de la reproduction vinyle, soit, mais sans rien en perdre de la poésie, de la fluidité ou la sensualité, bien au contraire. Mais le lyrisme et l’éloquence sont donnés par les musiciens, pas par le préampli !

L’altière verticalité de la restitution m’a valu une remarque d’un auditeur qui, certes sur le ton de la plaisanterie, racontait bien sa première impression : on dirait du numérique ! Ce n’est pas faux, à condition d’accepter les indéniables qualités du numérique (quand il est bien fait) pas toujours données par le vinyle.

En l’occurrence un équilibre tonal et énergique parfaitement constant, droit, une dynamique assidûment répartie, et des fondations de statues antiques. Une puissance active distribuée également sur tout le spectre, tenue jusque dans l’extrême grave (à condition que la platine le permette).

Et cette rigueur, architecturée, tenue, droite délivre après quelques dizaines d’heures de rodage une fluidité d’une sensibilité fabuleuse, des jeux de couleurs internes proprement démoniaques, une inébranlable structuration physique de tous les registres, sans la moindre lézarde ou hésitation, des attaques franches, tendues, nettes, repoussant le « bruit » du vinyle vers les tréfonds de l’imperceptible.

Résultat : on baigne dans un océan de musique en passant par toutes les sensations des courants, des vagues, des parfums, des écarts violents ou subtils de température.

La délicatesse transparaît idéalement dans la rigueur gourmée car elle suit les évolutions les plus ténues de la musique, les plus dissimulées, les plus détournées, pas un seul instant à une déformation, une facilité jolie, un laisser aller de l’électronique (ni de la platine ou du bras, j’ai oublié de le dire : l’Acoustic Solid MPX tweakée et le bras Vivlab Carbon), et seules disques et cellules s’exposent sans la moindre altération de leurs langages mêlés.

Autre grande qualité, rare sur quelque système que ce soit : le Suprême inscrit le grave dans l’aigu, je veux dire cette existence du corps et des matières qui crée un lien permanent entre toutes les parties du spectre, entité unique qui ne se détaille pas. Qualité évidemment rendue possible par le bras Vivlab, un rapide essai sur une platine munie d’un bras moins performant faisant un peu reculer cette sensation, mais quand même, ce préampli plus que tout autre sait préserver l’unité physiologique intime.

Pour info, j’ai procédé aux essais via les sorties symétriques essentiellement.

L’essai comparatif sur la carte interne avec RIAA + gain par transfo est moins extrême, moins surprenante, même si, en première écoute on a l’impression de s’y retrouver plus facilement. Je suppose que si on a plusieurs bras et cellules avec des cellules un peu dures, l’hésitation a du sens, sinon, de notre côté, notre choix est fait. Attention toutefois : même via la carte interne à transfos, l’écart avec le VIDA Mono VI-8 justifie pleinement l’existence de cette version Suprême.

Une autre option amusante est une carte qui permet de faire transiter un signal issu d’une source haut niveau, lecteur CD ou DAC, via le Suprême.

Un peu gadgétique dans le cadre de nos essais, je devine que sur des lecteurs numériques comme il en existe encore beaucoup où la restitution est déshumanisée, cette option créera une illusion de chair ; étonnamment, la sensation de transparence est conservée, pas de perte flagrante pas plus qu’un amollissement des attaques, mais un huilé supérieur, une dynamique idéalement contrôlée. Au prix toutefois de câbles de compétitions fois deux.

Le Suprême se justifie-t-il face aux déjà formidables blocs mono du même Aurorasound ?

J’ai déjà répondu : indiscutablement oui dans sa version base et plus encore avec la carte à composants discrets, à ma grande surprise. Mieux encore que les précédents modèles, il disparaît totalement au profit du reste de la section phono, et si celle-ci n’apporte pas de colorations ou déformations marquées, c’est au bénéfice direct de la musique, sans concession, que le Suprême agit ! Une telle intégrité, c’est rare dans le monde du phono !

Afin d’être tout à fait clair et pour ne pas rentrer dans le jeu des déformations de la hifi, ça ne veut certainement pas dire qu’il faut jeter vos VIDA Mono à la poubelle, car l’arrivée du Suprême ne retire rien à ces appareils qui, aboutis et intègres, ne sont pas fomenteurs de frustration.


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