un constat
Quand j’ai créé staCCato, j’ai écrit une sorte de profession de foi à propos de mes sélections de matériel…
Cette profession de foi n’a pas changé.
Le temps ne nous a pas donné de raisons de modifier ou nuancer cette ligne de pensée, visant (comme tout le monde, nous rétorquera-t-on…) à contourner ce morne écueil sur lequel bute la haute-fidélité haut-de-gamme majoritaire, à savoir une reproduction de la musique à peu près aussi précise qu’un ronéotype pour comprendre l'art d’un Renoir…
Pas facile, croyez-moi : sur des milliers de produits disponibles asphyxiant un marché de dupes, pointer 10 marques réellement engagées dans une verve musicale relève d’un challenge olympique.
Donc après des années guère de changements. Si ce n’est un tri de plus en plus draconien…
Tout au plus avons-nous évolué dans nos relations avec des marques qui n’ont pas toujours tenu leurs promesses sur le long terme…
Pas nécessairement pour des raisons de qualité. Parfois la sauce n’a pas pris…
Mais surtout parce que, au hasard d’une rencontre, apparaît un produit, une gamme, qui tout à coup relativisent beaucoup la place sur nos rayonnages d’appareils peut-être plus prestigieux, peut-être plus célébrés par la presse, peut-être plus faciles à défendre parce que réputés… mais tellement moins enthousiasmants sur tant de critères - parmi lesquels le sacro-saint rapport qualité / prix - que l’on n’ose plus, décemment, les mettre en avant.
Et on s’aperçoit qu’on ne les utilise guère que pour valoriser les challengers discrets…
Ce qui, déontologiquement, n’est clairement pas satisfaisant.
L’autre point qui nous afflige, c’est de découvrir des produits bons ou même très bons dont les prix toutefois sont dissuasifs. Comprenons-nous : si un appareil se révèle purement et simplement le meilleur du monde, on peut à la rigueur estimer que son prix n’a pas besoin d’autre justification ; mais ceux-là, on les compte sur les doigts d'une main, comme si, dans notre monde si stupidement déclinant, des prix théoriquement accablants n’étaient fixés que pour travestir l’imposture. Car, quitte à se répéter, si on rencontre parfois des objets possiblement bons, leurs qualités ne parviennent que rarement à justifier un coût exorbitant.
Soit le prix correspond à une notion de marges qui complique la donne (mais hélas les lois du marché ne peuvent alléger les réalités du commerce international !) soit, et c’est pire, le prix astronomique est sa propre justification (c’est cher donc c’est bon !), soit l’étude a demandé un temps sans corrélation avec le résultat, soit le processus de fabrication n’est pas le bon.
Autrement dit, à l’heure où nous assistons effarés à une course à l’armement chez bon nombre de nos collègues plus ou moins proches, nous avons plutôt tendance à vider nos tablettes. Les épurer.
Parce que, honnêtement, on en écoute du matériel guindé, de ces écrins diaprés qui font roucouler la doxa et baver les pauvres naïfs que nous sommes…
… mais, au mieux, on découvre des appareils standards, archi-codés, des instruments d’a-musique s’empilant sans hiérarchie véritable dans la morne collection de la Grande Hifi Internationale...
A quoi bon alors ?
Et si l’on cessait de vouloir nous faire croire qu’il y a une révolution technologique par mois !
C'est au contraire avec un ébahissement certain que l'on constate que les légendes s'effondrent le plus souvent, ces marques qui nous ont fait rêver, qui ont apporté une importante contribution à l'illusion d'une mirifique perfection et qui s'avèrent au final si décevantes, si atones, fades ou grotesques en termes de justesse musicale, de probité expressive, d’ardeur lyrique.
Alors staCCato, démolisseur de mythes ?