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Marc Ducret Tower 3


octobre 2013


Dans un billet il y a quelques mois, j'essayais de vous faire partager mon enthousiasme pour le formidable Tower Vol 1 de Marc Ducret.

Voici la perception du projet Tower et son aboutissement par un ami du magasin.


 

Marc Ducret, Tower vol. 3,
 


par Pierre-Yves DB.


Un concept peut-il être à la fois abstrait, figuratif et narratif ?

Peut-être une amorce de réponse au travers du seul « nomen » désignant les 3 premiers étages de cette 3ème tour : « Real Thing 1, Real Thing 2, Real Thing 3 ».

Real Thing … Vraie Chose ou Chose Vraie ?

La langue anglaise, par ses subtilités, permet à l’esprit baladeur de s’aventurer au-delà du formalisme habituel qui aurait tendance à l’étriquer un tantinet.
L’imaginaire se moque bien de la vérité mais ne répugne pas à habiller ou à parer ses inventions de toutes « choses » propres à donner, à chacune d’elle, une réalité reconnaissable entre toutes.

Pour les chanceux qui ont pu s’imprégner d’un concert de l’ensemble Tower- Bridge (salle Paul Fort le 21/11/2012 entre autres) et ont écouté en direct ou sur disque les autres propositions - concrétisations du projet « Tower », il apparaît assez nettement je pense que la « chose vraie » peut, selon le contexte et la perception qu’en ont les artistes associés à ses diverses réalisations, prendre des identités variables sans renier sa nature originelle.
En quelque sorte, l’objet thématique, fût-il abstrait, survit immanquablement à la mutation de ses apparences même s’il nous entraîne sur des territoires bien différents.
   

Depuis longtemps, Marc Ducret aime les labyrinthes et les poètes (qui parle – sketch). Il s’en nourrit et les fait vivre dans des univers qui lui sont si personnels et pourtant nous semblent si familiers.

Avec le projet « Tower », l’épure prend encore de la force et se suffit pratiquement à elle-même.
Puisque maintenant l’histoire est complètement intégrée au geste musical, chaque groupe apportant sa marque créatrice, la « chose vraie » se raconte au gré des rencontres et au fil des émotions. Considérer en les séparant les 3 groupes qui se la sont appropriée (real thing 1 et 2 pour le 1er, real thing 3 pour le 2ème, real thing 1-2-3 pour le 3ème) reviendrait à tronçonner une cathédrale (pardon si l’image est un peu exagérée).

Le paradoxe cependant  demeure: chaque version de la « chose vraie » est une vraie découverte, avec ses propres épices, odeurs, formes et couleurs ( ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre...).


La 3ème mouture, en sextet, réunit donc les 3 « Real Things » dans une vision - interprétation excluant toute redite formelle.
L’instrumentation choisie : trombones, piano, célesta, vibraphone, percussions, guitare, démontre à l’envie que le concept fonctionne, parfois dans une approche quasi chambriste (au diable les genres).     
Densité des propos, clarté de l’expression, fragments de beauté presque indicible, jamais de vains « effets de manche » (pour Ducret s’entend, même si le bougre…), tension prégnante à la limite du stress, magie de l’équilibre harmonique et rythmique (malgré la complexité), respiration des timbres, grâce du dessin qui s’élabore et se régénère sans cesse…



Le dernier passage symbolise l’effondrement de la tour composée des 3 « choses vraies ». Comme si le fragile ensemble ne tenait qu’à un souffle ou à un quart de ton, comme si la « chose vraie » n’était qu’éphémère, comme si la « chose vraie » n’était pas en fait une « vraie chose ».



 Tower vol. 3 de Marc Ducret : un très beau disque, « vraiment ».           


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