AN KONDO GE-1

logique analogique


Depuis notre découverte « choc » de l’intégré Overture 2i d’AudioNote Japon, nous avons vécu diverses opportunités d’écoutes, dans des conditions privilégiées, d’autres appareils de la marque prestigieuse que seuls les grincheux, les aigris ou les envieux souhaitent contester.

 

Notre parcours amoureux en compagnie de l’ensemble G70 + Melius (https://www.staccato-hifi.fr/blog/marques/sources-numeriques-et-amplis/an-kondo-g70-et-melius/) ne connaît aucune entorse et c’est maintenant au préampli phono qui en est le complément prévu par Kondo d’entrer en lice : le GE-1.

 

Entrée de gamme du fabricant soit, mais d’un niveau qui fera pâlir bon nombre de machins prétentieux, pas forcément inintéressants mais souvent surévalués.

Je ne vais pas approfondir les détails techniques de cet appareil à tubes, le site du fabricant n’étant pas avare de renseignements :

https://www.audionote.co.jp/en/products/pre_amplifier/ge-1.html

 

Comme tous les préamplis phono de la marque, le GE-1 est destiné aux cellules MM (euh : aimants mobiles), sachant que pour exploiter les cellules MC (bobines mobiles, dont la cellule Kondo, MC à très faible niveau) le génial Nippon préconise un transformateur particulièrement performant :

https://www.audionote.co.jp/en/products/transformer/sfz.html

 

 

C’est lui que nous utilisons en ce moment, mais si le cap financier est un peu trop élevé pour vous, il existe de très bons transformateurs proposés par diverses marques de cellules phonos ainsi que des marques externes. Lundahl par exemple ouvre un large catalogue, qu’il faudra certes mettre en boite mais bon rien d’insurmontable et on peut s’en occuper. Mettre en boîte, on sait faire.

 

 

9è Symphonie de Gustav Mahler, Karajan, Berlin 1981, la version studio donc.

Celle qui me bouleverse depuis toujours au milieu de tant d’autres tout aussi passionnantes. Aujourd’hui, la dimension atteinte par les violons gémissants dans le dernier mouvement – nonobstant un pressage qui n’est pas des meilleurs – suit un contour de velours sans aucun précédent, quand bien même les cordes sont parfois tendues à craquer, avant d’évoquer bien sûr le réalisme des matières sur bois et cuivres. Le GE-1 révèle le noyau de chaque note, chaque son. Et que dire des contrebasses galbées à souhait, jamais empesées, superbes de boisée, de corps, de vraisemblance. C’est résolument magnifique, empreint d’une humanité si intensément habitée qu’on est prêt à pardonner quelque excès que ce soit du Maestro…

Et, ne craignant pas les 180° de la provocation, un détour par Supernature de Cerrone remplit la pièce de l’énergie que l’on attend des Kondo, malaxée d’une sereine capacité à pousser, jamais amorphe, impériale. La musique disco un peu quelconque revêt alors une tout autre dimension. Sonore.

On retrouve cette placide élégance sur les timbres accompagnée d’un contrôle tout aussi noble des spectaculaires éclats dynamiques survoltés par Teodor Currentzis dans Sa Pathétique de Tchaïkovski, tandis que le GE-1 ne cherche absolument pas à dissimuler quelques approximations de placement des musiciens, quelques notes flottantes, n’en traduisant pas moins une vision puissamment dramatique - outrageusement ? bah, au moins il y a un fort esprit dans notre ère banalisante - du premier mouvement.

Frémissements toujours savoureux dans les quatuors de Beethoven par Italiano, où la fervente plasticité des instruments est sublimée par le GE-1, soulignant la contradiction face à une autre version majeure, plus intellectuellement engagée mais moins « somptueuse » : celle des Vegh

Et puis, bouder le plaisir procuré par la redécouverte via le vinyle d’Easy Alice de Liesa van der Aa donnant l’impression d’un mixage repensé, une mise en espace radicalement différente et surtout d’une œuvre moins anguleuse et difficile. Sensation très étrange, ne s’opposant pas au fichier HR, mais comme se complétant idéalement. Un moment enrichissant supplémentaire.

 

Pendant que j’écrivais ces mots, j’ai constamment été interrompu par la trempe émotionnelle croissant à la dégustation de la Hammerklavier par Claudio Arrau, d’une délicatesse de toucher comme je ne crois pas l’avoir jamais entendue, Bush de PVA d’une puissance filigranée de finesse et Super Ready / Fragmenté des Young Gods qui m’ont laissé pantois, touché, anéanti tant l’humanité dépasse une musique en apparence tranchante remplacée par une scénographie bouleversante. J’en tremble encore…

Pourtant sur un système sympa mais pas forcément le plus cinglé qui soit. J’ai nommé l’Ansgtrom Lab Zenith ZIA100 et les Atalante 5, câblés en Neodio.

Je vais retenter l’expérience avec l’Overture. Si mon cœur tient le coup.

Avec par exemple l'historique Mandarin Merveilleux par Antal Dorati dirigeant le B.B.C S.O, pressage américain de 1965... Sensibilité à fleur de peau douloureusement ou sensuellement malaxée par l’ensemble Kondo imprégnant de raffinements anguleux, ou tortures délicieuses, l'étude tourmentée de la condition humaine, le Mandarin et la Prostituée abstractions de l’Homme en quête d’un(e) partenaire, abattus par la solitude, l'incommunicabilité ou incompatibilité culturelles et sociales, assénée sans concession par l'ensemble du moment. (Kuzma + Shelter + Sfz + GE-1 + Overture 2i + hORNS FP15)

C'est d'autant plus perturbant que le système Kondo renvoie impitoyablement - là où la lecture vinyle les agglomère complaisamment - aux époques de la captation... Ainsi la prestation de Dorati nous ramène aux anciennes salles de concert, atmosphère mate, peu démonstrative, où les musiciens étaient surexposés par l'absence de réverbération et le spectacle férocement maintenu par l'acoustique qui n'autorisait pas la flamboyance que diverses remasterisations font apparaître avec plus ou moins de jugeote...

Constat à la fois réjouissant et désolant, car parfois la vérité est cruelle. A preuve un disque (neuf) enregistré, gravé et pressé en 1984, des extraits de ballet de Tchaikovsky par Riccardo Muti et le Philadelphia chez EMI, enregistrement numérique et gravure DMM. Toute une époque. Pas des meilleures.

Dans le même ordre d'idée des 33 tours datés, j'ai écouté deux versions de la 3è Symphonie de Beethoven, l'une par Dorati encore, pressage américain stéréo de 1959 (Minneapolis Orchestra) et l'autre par Klemperer et le Philadelphia, pressage US de 1961. 

Des disques que je n'avais pas posés sur un plateau depuis longtemps. Et quelle surprise de constater un rendu un peu raide du pressage Dorati, des timbres étriqués dans un manque de relief parfois gênant quand la version du souriant Otto Klemperer bénéficie d'une souplesse magistrale des cordes, une scène sonore très profonde, magnifiquement étagée, et de timbres frémissants révélant la minutie et la beauté d'un orchestre au service d'une interprétation dont j'avais oublié la majesté légèrement emphatique et l'importance historique marquant peut-être la fin d'une époque.

Et pour sortir de l'engourdissement émotionnel, j'ai désigné, avant de rejoindre ma chère et tendre pour le réveillon, le solide Hail to the Thief pour effectuer un saut de bande-passante et d'énergie assez saisissant tout en savourant le chant souvent sublime de Thom Yorke (the Gloaming !)

Le GE-1 est le préampli des grands écarts, jamais facilitant, mais jamais injuste. Tout est dès lors question de musiciens.


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