polyvalence assurée
Eric Buy continue ses expérimentations autour des haut-parleurs pro de la gamme Eighteen Sound pour le plus grand bonheur de ses fans.
Cette fois, il a jeté son dévolu sur trois perles du fabricant italien, à savoir un 38 cm double-spider, une chambre de compression 1,4 pouces Béryllium et une compression à diaphragme annulaire, ces deux dernières chargées par des pavillons polyuréthane issus du même catalogue.
Les paramètres du 38 cm ont amené le concepteur à renoncer à son principe habituel de charge, à savoir un haut-parleur arrière descendant plus bas. Pas la peine d’en passer par-là, au profit semble-t-il de la netteté dans le bas du spectre. l'AT38 est en revanche toujours équipée d'un évent réglable cher au concepteur.
Le résultat de cette combinaison - câblée par Esprit - est une enceinte compacte, râblée, dont personnellement je préfère nettement le dessin à celui des AT31 par exemple, le trouvant plus homogène, mieux proportionné. Les joues latérales en chêne, plus épaisses, affinent paradoxalement le trait et l’enceinte paraît moins encombrante qu’elle ne l’est.
L'AT38 est dotée d'un nouveau système d'isolation mécanique dans la liaison au sol par un système d'axe sur bille céramique posée dans une cuve qui offre l'avantage non négligeable de pouvoir faire glisser l'enceinte sur le sol.
Comme toutes les enceintes Atlantis, le rendement est élevé et, apparemment, l’impédance ne pose pas de problème aux amplis, facteurs théoriquement favorables à des amplis à tubes ; pas trop paresseux parce qu’il faut quand même pousser un 38 cm, qui, à l’inverse, doit pouvoir encaisser quelques centaines de watts sans broncher.
Enceinte pour écouter religieusement la musique ou pour faire la fête, cette polyvalence n’est pas si fréquente.
La musique donc ?
NB : j'attends d'en recevoir une paire pour décrire plus sûrement mon ressenti car ma découvertes de l'AT38 n'a pas eu lieu dans mon environnement habituel, cependant via des électroniques que je connais : Atoll et Accuphase.
L’AT38 est possiblement moins extravertie que l’AT31, moins directe, mais derrière cette réserve apparente se révèle une disponibilité animée bien dans la lignée de la gamme AT, simplement plus en intériorité, en souplesse, en modelés qu’en autorité revendicatrice.
Notables qualités d’articulation du grave qui, soit, lorsqu’il est sollicité très bas ronronne légèrement, mais face à la vigueur et les impacts dont il est capable, ça relève du détail.
Timbres raffinés, bonne respiration générale et image ample en largeur, l’enceinte ne déteste pas un peu de niveau pour s’exprimer vraiment, poser une incarnation plus physique des musiciens, révélant moult informations sans choyer un piqué extrême, et même préférant une globalisation proportionnée des contours à un ciselé incisif, caractère qu’elle semble préserver en grimpant lourdement le niveau…
Bref, une réussite incontestable du fabricant auvergnat (oui bon, il n’est pas auvergnat mais son entreprise est installée dans cette belle région tranquille).
A 20 000 € et, à condition d’accepter l’objet tel quel (pas de choix de finitions, de laques ou autres), on ne peut que reconnaître, une fois de plus, qu’une Atlantis est une bénédiction pour les audiophiles : rares sont les fabricants qui en donnent autant, souplesse, énergie, polyvalence, pour ce prix.
Et fabriquée en France !