aries cerat

mythes fondateurs


Chypre


Parfois, dans une vie de mélomane conscient qu’il faut bien confier sa précieuse musique à des appareils sophistiqués si on espère la savourer pleinement, l’appréhender, s’en imprégner, en humer tous les parfums, s’émerveiller aux plus infimes nuances de couleurs, il arrive (heureusement) qu’on ressente un choc lors de la rencontre avec un engin un peu différent… Ça peut se passer en poussant la porte d’un auditorium lors d’un salon, ou chez un client, ou pour nous professionnels, en recevant des appareils en test ; un coup au cœur car parfois, très rarement, un objet libère tout simplement plus de musique.

Un coup au cœur, oui ça arrive

Un choc, c’est plus rare.

Alors, reconnaissons-le, Aries Cerat a probablement été un des rares vrais chocs de la vie musicale de votre serviteur dans sa quête permanente des meilleurs instruments de reproduction.

Munich 2011, alors que ça faisait quelques années que je n’y avais pas mis les pieds, la ballade au milieu de cette débauche d’armes lourdes était à la fois enthousiasmante par les accumulations de créations cinglées et décevante par la banalité cacophonique, aussi bien dans les choix de musique que dans le résultat final, surtout dans des salles où les budgets étaient multiples de 5x0.

Certes une larme avait perlé sur le stand Kondo, mais… vinyle uniquement, mais étroitesse du lieu créant une intimité favorable, mais choix musicaux très orientés, mais tarifs alarmants…

Et puis, alors qu’on n’y croit plus vraiment, on pousse la porte d’un des auditoriums du haut (les plus prestigieux) en n’étant pas même sûrs de prendre le temps d’aller s’assoir, un peu blasés à la longue.

Premier choc : la respiration soudain, l’air, la sensation du direct, prise rectiligne avec le réel alors que le disque qui tourne est une vieillerie un peu spectaculaire et un peu vaine (Rhapsodie Hongroise de Liszt  par Stokowski), soit, mais là…

Alors nous allons nous assoir.
Et nous allons rester. Et revenir…

Jamais je n’avais ressenti une telle authenticité dans les dimensions relatives des instruments de l’orchestre dont l’enveloppe globale est parfaitement plausible, impression non galvaudée d’être au concert en dépit du côté un peu suranné de la prise de son, qu’importe, les matériaux des instruments, les humains derrière les instruments, les élans du chef sont si présents, palpables, qu’on les voit, on pourrait les toucher si on était un peu plus près.
Il est très difficile d’expliquer cette crédibilité, mais elle suppose que l’air autour des instruments revête une densité juste, et que le grain qui sépare les cuivres entre eux, les bois entre eux etc… soit d’une plénitude physique inexorable.
La rythmique implacable, les effets tziganes outrés, la rondeur des bois et l’éclat luisant des cuivres, la dramatisation hollywoodienne voulue par Stokowski sont racontés avec une justesse irréprochable par le système que nous écoutons, ou plus précisément que nous n’écoutons plus, immergés dans le bonheur immédiat aux facéties de Stokowski

Disque suivant, Madeleine Peyroux en CD sur un DAC Aries Cerat gigantesque, ici tout est gigantesque quand on s’aperçoit que le préampli phono est un bloc d’un demi mètre cube, il doit y avoir un bon quintal d’électroniques sur le sol au centre d’enceintes à pavillons, les Tune Audio vous l’aurez sans doute deviné.

Là aussi évidemment une prise de possession de l’espace surprenante, d’autant que le disque n’est pas un modèle technique, je suis médusé par la sensualité de la musique sans la moindre triche tonale, ou un quelconque sirop arrangeant, on entend clairement que la prise de son est très moyenne mais le système permet de passer au-delà pour partager « don’t wait too long » en lien amoureux avec l’étrange Madeleine…

J’étudie la pièce avec curiosité : rien, pas le moindre traitement acoustique alors qu’au même étage les moyens mis en place par les exposants sont délirants. Ici le dépouillement est total, le matériel, quelques bannières, point.

Nos hôtes voyant que nous sommes sincèrement intéressés et même interdits, bouche ouverte langue pendante, nous proposent gentiment de choisir un disque ; je désigne un vinyle de sonate de Beethoven par Perlman et Ashkenazy et découvre ébahi que j’étais toujours un peu passé à côté de cette vision majeure, et saisis enfin toute la ponctuation de l’intelligence stylistique du texte et sa lecture : violon et piano sont réels, plus que réalises : réels ; ils sont posés devant nous et on perçoit jusqu’aux sourires de complicité des deux stars, l’enthousiasme très concentré sur l’hommage rendu à un chef-d’œuvre de la musique occidentale, et tout en écoutant, je me dis : c’est donc possible ?

J’avais certes approché des sensations de ce genre il y a longtemps lors de visites chez des audiophiles barges au Japon et leurs extravagantes usines à pavillons autour de Goto ou Onken, mais toujours accompagnées de petits désagréments, instabilité, homogénéité perfectible, l’impression qu’un réglage est absolument idéal pour un disque mais pas pour le suivant et demanderait des ajustages permanents et surtout l’impossibilité de proposer une version commercialisable de systèmes en évolution permanente et demandant fer à souder et une gamme de clefs Allen à tout moment.

Là non… L’émotion inouïe d’un partage d’élans du cœur continuera avec les Rolling Stone, Pollini et puis d’autres… car nous y retournerons plusieurs fois sur les trois jours de notre visite et ne serons jamais déçus, toujours troublés, secoués, perturbés, quasi-traumatisés par cette concrétisation de la musique.

Le seul stand où nous éprouverons des bouleversements aussi délicieux et sensuels au fil des années sera celui improbable occupé tous les ans par des coréens (Silbatone) qui apportent chaque année un monument de l’histoire de la reproduction musicale, telle en 2015 une paire de grands pavillons Western Electric de 1946 (ou 1936, j’ai un doute) dont certes les alimentations à excitation utilisent des tubes NOS ( !!!!) mais qui, en dépit de couleurs un peu marquées, renvoient tout ce qu’on peut écouter par ailleurs dans ce gigantesque capharnaüm qu’est le High End de Munich au rang de pacotille ou même de néant prétentieux…

Evidemment, l'année du choc Aries Cerat Tune Audio, le camarade qui m’accompagnait décidera de distribuer les créations Tune Audio, parce que c’était l’élément final, parce que c’était drôle, parce que c’était stupéfiant.

Moi j’avais dit  « attention : nous avons découvert ces formidables transducteurs grâce aux électroniques qui participent grandement de ce résultat puissant ». C’est fou ce que je peux être sentencieux de temps à autre.

Mais je comprenais l’impossibilité d’envisager de distribuer cette armée de Panzer Art Déco chypriote en France, un ensemble électronique représentant quasiment 2 mètres cube avec une esthétique pour le moins… disons originale et quand même à des prix coquets même si plus que justifiés et justifiables face à la honteuse démesure de la hifi haut-de-gamme.

En effet, lorsqu’on avise quantité, dimensions et qualité des transformateurs et selfs très nombreux, ainsi que les inventions surprenantes qui habitent ces cuirassés, on devrait même louer le fait que les vaisseaux Aries Cerat viennent de Chypre car, issus des mauvaises habitudes des pays blasés de la hifi, ils coûteraient le double.
Au bas mot.

Fort opportunément, au fil des ans, Stavros, créateur génial des Aries Cerat, travaillera à proposer des objets un peu moins monumentaux et surtout moins coûteux mais tout aussi performants, dans la même logique de piliers de cathédrale musicale.

Ainsi, Munich 2014, on découvre un ensemble allégé à 55 000 € (et de quelques décimètres cubes) au lieu des 90 000 du premier. Quand même !

Et dans la foulée, Aries Cerat crée des intégrés (le Diana suivi du Genus) et un DAC (Kassandra II) un peu plus logeables (200 kgs sur la balance quand même. Oui : le tout) et moins inaccessibles encore (38 000 € l’ensemble) et notre ami 080 décidera aussitôt de parachever sa présentation avec ces deux derniers bijoux. C’est fait, c’est magnifique et c’est sans équivalent et compte tenu de la revendication musicale unique, ce n’est même pas cher.

 

Ecoute ci-dessous :


murs de fondation


On retrouve cette même capacité à charpenter l’espace musical, étayer la pièce d’écoute et délivrer le panthéisme artistique au naturel dans toute sa splendeur organique, son assiduité incarnée, sa bouleversante authenticité.

L’ekphrasis est très difficile à ce stade : comment en effet raconter la sensation rassurante de revenir aux fondations, voire au cœur magmatique de la planète, au noyau de notes qui semblent sereinement sortir du sol tel un arbre majestueux, croître, verdoyer, fleurir et disséminer passionnément les pétales iridescents dans la caresse du vent avant de s’évanouir dans les feux du soleil…

Aries Cerat, c’est ça : une énergie fondatrice, la sève et la sublimation.

Sensations et émotions maximales, Aries Cerat vous invite dans le lieu du spectacle de votre choix, à une place VIP…

C’est une expérience sans équivalent, réservée uniquement à ceux qui aiment la musique par le cœur, les entrailles, un contrat viscéral.

Evidemment je n’ai ni facilement les moyens ni surtout la place de faire entrer ces monstres délicats chez staCCato mais peu importe puisque nous travaillons en étroite collaboration avec mon collègue 080 à Paris qui a pris de magnifiques paris sur la capacité des amateurs de musique vraie à rejeter les a priori.

Donc si vous êtes mélomane en recherche d’une forme d’absolue, je vous convie à envisager sérieusement ces extraordinaires instruments et prendre rendez-vous chez 080 ; nous pouvons même aller les découvrir ensemble si vous êtes timide.


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