nostalgie contemporaine
Héroïne grecque, elle évoque certes une Bugatti ou évidemment le très inspiré unique film de Jean Vigo (1934).
Chez Revival Audio (et chez staCCato) ce sont deux modèles d’enceintes.
Parlons ici de la n°5, actuellement haut-de-gamme de la marque, un haut de gamme ambivalent par une équation difficile à décrypter entre esthétique vintage - ou très Harbeth, ATC, en clairement plus sophistiqué, abouti revendiquant une griffe stylistique incontestable -, augmentée d’une irréprochable finition non déclinable, une élaboration technique pointue, un rapport qualité / prix hautement favorable, d’autant plus surprenant lorsqu’on sait que la fabrication – à l’exception des stand supports – est intégralement réalisée en France.
Mais comment font-ils ?
En tout cas, ce sont autant de cases cochées remplissant une part notable de nos critères sélectifs.
Oui bon mais ?
Mais : l’audace de ce type de gabarit ne plaira certainement pas à tout le monde. Soit.
Mais : et la musique, dans tout ça ?
Allez, avouons-le, nous sommes passés par quelques étapes de doute en recevant une paire dite rôdée qui clairement ne l’était pas suffisamment, notamment au début des JPO consacrées à Neodio et aux Atalante 5
Et, à l’heure où j’écris ces lignes, elles ne le sont pas encore totalement, mais qu’importe, nous avons noté une évolution telle qui nous rassure quant à notre choix.
Une grande ouverture, un souffle peu commun, des timbres respirants et une énergie très appréciable si l’amplificateur adjoint le permet ont remplacé le médium en creux des premières heures, et si l’équilibre tonal impose qu’on soit attentif au placement, voire qu’on n’hésite pas à jouer avec les bouchons d’évents livrés avec l’enceinte, on constate par ailleurs une homogénéité remarquable d’une résolution fine et précise, jamais clinique, suréclairée ou extractive.
La délicatesse est au rendez-vous de la proposition rafraichissante de la 7ème Symphonie de Beethoven par Gottfried von der Goltz où la richesse des timbres et matières des instruments du Freiburger Barorkorchester exigent des expansions harmoniques illimitées ; et si certes les matériaux sont plus perceptibles par les couleurs que par les ciselures, si certes quelques subliminales informations raffinant l’expressivité font défaut, on se réjouit comme rarement d’une belle présence installée dans une scène sonore profonde, pas exagérément large mais d’une louable stabilité ainsi que de longues fins de notes habitant les silences (amplification et câblage Neodio).
La plaque inférieure du stand étant un peu résonnante, une pile de bouquins, ou, plus efficient, un B2 de Neodio, polira les scories !
Ce qui est confirmé par l’enchaînement anarchiste « Beauty + die Beflindichkeit des Landes » dans le très efficace Live in Brussels 2000 (Einstürzende Neubauten) dont l’énergie, surtout en augmentant significativement le niveau sonore, ratifie que Revival a installé un 30 cm de l’Atalante 5 pour qu’on en profite pleinement. Parfois trop. Si le registre bas n’est jamais caoutchouteux et plutôt tendu, il peut de temps en temps jouer des épaules.
Aussi, dans certaines acoustiques, ne faudra-t-il pas hésiter à faire quelques essais avec les bouchons de mousse (fournis) dans l’un ou les deux évents (cas probablement rare) pour retrouver la cohérence de transparence et d’équilibre dynamique délassant qui nous séduit tant sur l’Atalante 3.
https://www.staccato-hifi.fr/blog/marques/transducteurs/revival-atalante-3/
Atalante 5 ne se contentera pas de peu en amont sans exiger pour autant de vendre un rein et pourra aussi bien satisfaire les nostalgiques du bon vieux temps où on utilisait des belles gamelles (le 30 cm comme le médium à dôme de 75 mm ici) que les mélomanes en recherche d’un système qui, en parfaite corrélation avec ce que nous avons apprécié sur le modèle 3, propose une juste symbiose entre précision constante, à quelque niveau que ce soit, confort et éloquence artistique, convergence de trois frontières souvent antagonistes.
Ah oui : j’aime beaucoup l’idée de pouvoir les poser au sol, inclinées par une cale arrondie montée d’emblée ; non seulement ça a de l’allure, mais franchement, le plaisir procuré par l’écoute dans ces conditions ranimera sans aucun doute quelque parfum de nostalgie chez certains et remettra les pendules à l’heure chez les novices effrayés d’une haute-fidélité momifiée par des contraintes tyranniques.
Et si vous devez émettre quelques réserves en les découvrant, rappelez-vous le prix : 4 900 € ! Etes-vous prêt à dépenser le double - sinon plus - au risque d’être trompé par les appâts du lucre de fabricants surévalués ?
Quelques données techniques ?
Si vous insistez :
- 710 x 420 x 355 et 33 kgs
- 89 dB sous 4 ohms
- HP grave : 30 cm membrane sandwich Basalte
- HP médium : dôme souple 75 mm technologie ARID+
- HP aigu : dôme souple 28 mm technologie ARID
- bande passante : 28 à 22 000 Hz (-3 dB)
- fréquences de coupures : 450 et 3 500 Hz