rythme

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Rythme



Pour vraiment faire simple, le rythme est ce qui détermine la durée des notes les unes par rapport aux autres. Mélodie, rythme, tempo et nuance sont en les quatre éléments identifiables majeurs qui caractérisent une phrase musicale.


On oppose le rythme libre (où les durées composant le rythme n’ont pas de rapports entre elles) au rythme à durées proportionnelles (où les durées ont un rapport de proportion permettant de quantifier les valeurs musicales : par exemple, une durée vaut la moitié d’une autre, ou le triple d'une troisième).

Cette quantification s’appelle alors la rythmique (quand bien même je crois que cette appellation est plus usuelle que strictement formelle) et définit les formes et les formules employées pour codifier le rythme musical.


La musique occidentale chantée était composée sur un rythme libre lié à la scansion du texte chanté (chant grégorien notamment). A ce stade, il n’existait aucune notation.

Lorsque la polyphonie - technique musicale consistant à utiliser en même temps des sons de hauteurs différentes - émerge au XII ème siècle, le rythme musical exige une notation précise des différentes durées. Le rythme musical devient rythme à durées proportionnelles et rapidement, rythme métrique (mesuré).


NB : Une fois ces codes graphiques posés, il faut bien comprendre que l’évocation du rythme n’est pas aussi carrée que la métrique pourrait l’indiquer. Avoir le sens du rythme signifie précisément que l’interprétation musicale est tout sauf robotisée et que dans le respect d’un même tempo et de "proportions" des durées de notes entre elles, il y a des variantes infinies dans les nuances…


Dans ce contexte, le mot "Nuance" est un faux ami cependant. Car au sens propre dans le lexique musical, une nuance est un signe noté sur la partition pour indiquer l'intensité relative d’une note ou d’une phrase ou d’un passage de l’œuvre. Les nuances permettent au musicien de lire et restituer la dynamique de l'œuvre lors de son interprétation ; ppp ou pianississimo, pp ou pianissimo, p ou piano, mp ou mezzo piano, sotto voce, mezza voce, poco forte, mezzo forte (mf), forte (ƒ), fortissimo (ƒƒ), fortississimo (ƒƒƒ).

On passe donc de sons très très faibles, parfois à la limite de l’exécution pour certains instruments, à des valeurs explosives qui indiqueront plutôt des effets d’orchestre sur un bref instant. La nuance naturelle pour la majorité des instruments est mezzo forte.


Il s’agit plus d’indications que d’une véritable valeur absolue. Gustave Mahler, conscient des limites techniques de la plupart des musiciens d'orchestre de son époque, mais désireux d’insister sur les contrastes qu'il souhaitait obtenir, pouvait parfois indiquer des pppp ! sur ses partitions pour bien faire comprendre qu’il attendait des instrumentistes qu'ils se surpassent.


A ces notations générales sont ajoutées des nuances dédiées à des ensembles de notes, marquant soit l’augmentation de l’intensité (crescendo, rinforzando, sforzando, più forte) soit la diminution de l’intensité (decrescendo, diminuendo, smorzando (nuance particulière : en laissant mourir le son), me no forte, morendo (idem : en laissant mourir le son), calando… )


Sur des notes isolées, on peut encore marquer d’autres nuances précises : forte piano (note attaquée forte puis prolongée piano) ou encore note accentuée…


Continuons maintenant sur les notions de temps et tempo.


Le temps est l’unité de mesure de la durée musicale, comme le mètre ou le kilo… A la différence près qu’il n’existe pas de référence de ce temps musical, pas de temps étalon : la durée réelle des temps peut varier d’un morceau à l’autre et c'est le tempo qui va fixer, pour un passage musical donné, la durée exacte des temps.

Il faut pourtant pouvoir circonscrire rigoureusement le temps s’il doit remplir sa fonction d'unité de mesure de la durée musicale : ce rôle de démarcation est rempli par la pulsation qui est l’unité du plus petit commun multiple. Ainsi, les cycles de temps, appelés mesures, combinent les temps en structures de niveau supérieur.


Les temps peuvent aussi être divisés en plusieurs parties, tel le demi-temps, le tiers de temps…


La musique contemporaine ne se limite pas à ces notions et en introduit de nouvelles. Ainsi le temps strié : les structures de la durée se réfèrent au temps chronométrique en fonction d’un balisage régulier ou irrégulier mais systématique précédemment évoqué : la pulsation.

On parle aussi de temps lisse, pour lequel les stries temporelles sont remplacées par la durée de certains objets sonores. Il n’y a alors plus mesure ou rythme repérable, mais écoulement continu dans le temps d'une masse sonore en évolution, temps suspendu donnant un sentiment d'éternité.


A ce stade, on va introduire une donnée nouvelle : la division du temps, c'est-à-dire la répartition en plusieurs parties égales (deux moitiés ou trois tiers) de la durée ordinaire du temps.
Chaque partie peut être divisée à son tour en plusieurs sous-parties appelées subdivisions.


- La division naturelle (division ordinaire) des temps est la conséquence directe de deux principes : la valeur relative des figures et l'équivalence des valeurs pointées. Cette division naturelle peut être binaire ou ternaire.
On ajoutera encore une nuance par la séparation des différentes parties d'un même temps par des accents de moindre importance (sous-pulsations).

Ainsi, chaque temps binaire aura une sous-pulsation en son milieu, et chaque temps ternaire, en aura deux, une au début du deuxième tiers de temps, et une autre au début du troisième.


Un temps binaire est un temps divisible en deux parties égales. Un temps binaire est par conséquent représenté par une valeur simple, autrement dit non pointée : moitié, quart, huitième, seizième ; une ronde se divise en deux blanches, une blanche en deux noires…

Un temps ternaire est un temps divisible en trois parties égales. Dans une musique ternaire (Jazz et ses nombreuses variantes), on joue généralement deux notes par temps, la première note dure deux tiers de temps et la deuxième note dure un tiers de temps. C'est ce déséquilibre de durée entre les notes d'un même temps qui donne une sensation particulière, la sensation de rebondissement ou de swing.

Dans le boogie quasiment chaque temps est décomposé en 2 notes dans le rapport 2/3 - 1/3 ce qui donne une sensation de rebondissement tonique.

Dans le swing c'est quasiment un temps sur 2 qui est décomposé dans le rapport 2/3 - 1/3 ce qui donne une sensation de rebondissement nonchalant.


- La division artificielle des temps (division exceptionnelle) permet d'insérer un temps ternaire au milieu d'une succession de temps binaires ou d'insérer un temps binaire au milieu d'une succession de temps ternaires. On parle alors de triolet et duolet.
La division artificielle permet également d'insérer un temps dont la division ne pourrait pas être obtenue naturellement, telle qu’une division en cinq cinquièmes, ou encore en sept septièmes, etc. : quatolet, quintolet, sextolet et septolet…
Au-delà, il n’y a plus de terminologie précise.


Quelle est donc la différence entre temps et tempo maintenant ?

Le tempo (de l’italien tempo = temps) est l'allure de l’exécution d’un morceau de musique ( la rapidité relative, la vitesse, ou encore, le mouvement ).

Un tempo rapide détermine des temps courts, un tempo lent, des temps longs.

Temps et tempo sont donc étroitement liés puisque l’un est directement entraîné par l’application de l’autre.

Ça n’est que tardivement (XVIII ème siècle) que les compositeurs commencent à indiquer régulièrement un tempo par l’emploi de termes dont la valeur n’est pas pour autant très précise ; tout au plus s’agit-il de valeurs relatives : andante suppose un tempo plus lent que allegretto mais plus rapide que largo.

C’est l’arrivée du métronome (début XIX ème) qui va permettre d’indiquer un tempo plus précis.


Bien sûr, le tempo peut changer au sein d’un même morceau… Une série de termes indique par exemple une accélération souhaitée du tempo, ou un ralentissement, ou un retour au tempo, ou une suspension de tempo : Animato, Accelerando, Doppio - le double du tempo initial -, Più mosso, Più moto Stretto, mais aussi Tempo primo, A tempo, Lo stesso tempo ou Istesso tempo ou dans le cas de la suspension : Ad libitum – librement -, A piacere - à plaisir -, Rubato - sans rigueur métronomique -, Senza tempo…



L’évocation du rythme, au-delà du battement musical et des notations indicatives, est un point résolument fondamental dans l’écroulement (il n’y a pas de faute, c’est bien d’écroulement qu’il s’agit) de la restitution fournie par bon nombre de systèmes audio.

Souvent mécanique, carrée, prosaïque, au mieux soulignée par une mise en avant maligne d’une zone large du bas-médium, lui assurant un soutien proéminent mais pas balançant pour autant, l'évocation du rythme n'est généralement rien moins que déloyale envers sa complexité humaine réelle. Car si une certaine musique totalement électronique en a utilisé une vision codée, scandée comme un battement de métronome, aussi régulier que l’horloge parlante, le rythme, est le plus souvent, finement et infiniment oscillant ; acrobate et danseur, il suppose une variation permanente autour de l'architecture de base ; battement organique, il réagit à des pulsions, des souffles, des élans et des arrêts, des errements et des fulgurances.

Percevoir le rythme dans le rythme, le petit décrochement de presque rien habilement pointé pour révéler une couleur ou une succession fougueuse de notes, qui sinon resteraient dans l’ombre, une petite accélération, un coup de poignet, une syncope affinée, ou encore un alanguissement du tempo pour le pousser au fond de la note ou un peu avant, en léger décalage avec la structure tenue par les autres musiciens, cette manière lente et habile de virevolter autour du clic, de tourner l’enveloppe, de contourner la rigueur et lui insuffler la part subjective et volontaire de l’humain, un léger déhanchement, un balancement du corps, le groove dans le cœur…
C’est tout cela qui compte.

On parle de systèmes qui donnent envie de battre du pied, oui certes c’est un début, mais ça ne suffit pas…


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