humeurs


29 janvier 2024

Au secours, fuyons !

 

Je suis affligé en pensant à tous ceux qui désirent tout simplement se composer un joli ensemble pour mieux profiter de la musique qu’ils aiment et, ne connaissant pas la haute-fidélité, visitent pour se renseigner les magazines spécialisés et les blogs …

 

Que voient-ils alors ?

- D’un côté, un de ces magazines publie le même mois un BE concernant une platine vinyle à 45 000 € - plateau à suspension magnétique (Verdier l’a fait il y a 40 ans), technologie partiellement issue de l’aérospatiale (hihi !) - et un préampli phono affiché à 75 000 €, créé par une marque suisse inconnue au bataillon, sauf du monde pro où les objets proposés en occasion sont très dévalués, amassant des composants certes qualitatifs mais pas spécialement originaux. Notez que ça ne veut pas dire mauvais.

On va encore nous sortir le coup de l’horlogerie suisse. Ben oui, mais non : l’horlogerie de prestige conçoit et fabrique ses précieux rouages pour égrener une valeur parmi les plus précieuses : le temps.

L’art est-il une valeur moindre ? Ne représente-t-il pas à contrario une forme d’atemporalité, d’éternité ?

 

Bien sûr les revues en question testent aussi des produits accessibles mais comme avec une sorte de condescendance, inconsciente, sans distinguo de valeurs relatives. Ce n’est évidemment pas intentionnel mais cette attitude amène le candide à penser que la qualité implique des sommes honteuses et élitistes, sans même songer au Nirvana.

- De l’autre (côté) les blogs s’extasient sur la découverte du moment à savoir le lecteur réseau / DAC Eversolo à 900 €, célébrant l’auto-conviction que le haut-de-gamme est du vol ; à preuve ce joli et malin petit truc qui devrait en remontrer à des machines coûtant 2 fois, 3 fois, 10 fois le prix…

… silence recueilli …

 

Comment un mélomane humblement à la recherche d’un moyen de mieux ressentir, comprendre, savourer sa musique peut-il s’y retrouver dans telle foire aux vanités ou déluge d’informations toutes plus obscurantistes, contradictoires et stupides les unes que les autres, entrecroisement de snobisme, mensonges, auto-proclamation et aigreur ?

Comprenez-moi : je n’ai rien contre un pan du haut-de-gamme ambitieux et invite ceux qui en ont les moyens à ne pas s’en priver.

A une condition toutefois : avoir en tête que prix élevé ne signifie hélas pas toujours – et même plutôt rarement – félicité musicale ou éloquence artistique.

Par conséquent, évitez de vous laisser impressionner, bercer, cerner, berner… ou effrayer par des propos techniques fallacieux, des promesses de prouesses musicales hallucinantes très très très rarement tenues…

J’adore les créations de la marque Audio Note Japon Kondo. Je ne vais donc pas faire la morale à propos du prix ; mais si, d’emblée, une fabrication patiente autour de composants maison lentement élaborés classe la marque mythique définitivement à part, c’est l’écoute qui scelle la part d’éternité.

Or, Goethe vous confirmera que l’éternité a un coût élevé.

 

Loin de moi l’idée de mettre sur la table le sujet du prix de la haute-fidélité : il opposera à vie :

- les forumeurs obtus qui considèrent que le prix d’un objet vaut la somme de ses composants en ne comprenant rien de rien aux réalités économiques de leur propre existence,

- les naïfs caudataires qui aiment être dupés ou flattés par une gouroutisation technologique,

- et les « idéalistes rationnels » qui considèrent que le prix d’un objet n’a d’autre référent que ses qualités musicale objectives sans s’inquiéter de la technologie, comme dans le domaine artistique où la perfection de l’épure peut requérir des décennies d’errance.

Le but de mon propos est simplement de rassurer les novices en expliquant que la vérité vous appartient et ne passe pas inévitablement par des dizaines de K€. Le plaisir mélomane implique un dosage savant plutôt qu'une accumulation paresseuse de dollars.

Le ressenti émotionnel, le frisson organique, l’amour de la musique impose certes de vous dégager des supermarchés de Grande-Hifi-Internationale ou du e-commerce flagorneur, de vous méfier du dernier jouet à la mode « pas cher, c’est mieux », mais n’oblige pas à vendre un rein, un œil, un bras incluant la montre en or.

 

En l’occurrence, parlons du Eversolo.

Je peux me le permettre puisque j’en ai un en démo, à savoir le DMP-A6 ME.

Vous vous doutez bien que si je l’ai en démo alors qu’on le trouve partout en vente en ligne, c’est parce j’estime qu’il a sa place dans notre sévère sélection.

Manifestement bien conçu et fabriqué, cochant les cases techniques façon 60 millions de consommateurs, ce petit joujou est particulièrement ludique avec son écran que l’on peut animer de moult manières, incluant la possibilité d’afficher plusieurs types de vumètres ou bargraphes. L’application est plutôt bien faite nonobstant quelques manques surprenants qui seront probablement corrigés sous peu.

Met-il à terre des appareils coûtant le double ?

Côté pratique et ludique, oui peut-être.

D’un point de vue sonore, oui peut-être aussi : face à ce charmant petit truc, divers prétentieux machins pas forcément suisses accusent la supercherie ; confirmant ce que nous avons écrit plus haut : prix et qualité ne se rejoignent que rarement.

Mais il ne les enterre voire équivaut pas tous ! Loin de là.

Certes, un tel outil en donne beaucoup pour son prix et offre un moyen de composer une chaîne sympa en ayant en tête que, un jour ou l’autre, on pourra lui adjoindre un meilleur convertisseur via une excellente sortie USB.

Et c’est déjà beaucoup ! Bravo et merci.

De là à admettre qu’il est la preuve du néant d’une industrie traditionnelle engagée, honnête et méticuleuse, non, non et non.

Sauf à considérer que marcher sur la tête est une posture normale.

 

 

 


émotion 2


octobre 15

 


L’émotion, deuxième partie et probablement pas la dernière.


En zappant un soir sur les 22274 chaînes du câble, je me suis arrêté sur la rediffusion d’un film très sympathique contant les aventures foldingues des membres d’une radio libre (en l’occurrence pirate) : Good Morning England de Richard Curtis, comédie faussement désinvolte et très allègre qui curieusement a été un bide.

L’histoire de cette station de radio - Radio Rock - émettant depuis un bateau navigant dans les eaux internationales de Mer du Nord pour échapper à la loi anglaise, se situe en 1966/67.

 

Mon intention n’est évidemment pas de pondre une critique cinématographique mais de développer un aspect secondaire du film pour rejoindre un précédent billet évoquant l’émotion… Pardon : l’Emotion, grand sujet d’inquiétude de notre belle époque.

Je parle donc des saynètes parallèles aux déboires des « héros », qui, ponctuant plusieurs péripéties du récit, présentent divers individus ou groupes de personnes, jeunes filles échauffées, gamins effarouchés, familles gourmées ou timidement émancipées, accueillant sur des postes de radio souvent très jolis et dans des circonstances très différentes le choc sardanapalesque, voire subversif, d’une percée artistique bourgeonnante et foudroyante : la musique pop ou rock introduite par les suggestions lascives susurrées des lèvres collées au micro de DJs anticonformistes ou au moins agitateurs.

 

L’émotion première et viscérale de ce public, déployée par le frisson délicieux de participer à un acte de rébellion caractérisée, emplissant les poumons encrassés de calamine conservatrice d’un petit air chaud de souffre, est superbement palpable et éminemment authentique. Après tout, être du côté de la liberté ou du libertinage à l’encontre des carcans verrouillés par les vieux cons emberlificotés dans leurs préjugés réactionnaires, dégage quand même une succulence délictueuse raffinée.

Le contexte bien sûr, la fraîcheur d’une hardiesse artistique en pleine efflorescence volubile ou caressante (A Whiter Shade of Pale de Procol Harum), barrée et sensuelle (Hendrix cité avec un titre anachronique) et encore The Kinks, les Beach Boys, Cat Stevens, Otis Redding, the Moody Blues ou the Supremes, bref sillonnant des thèmes bigarrés particulièrement bien sélectionnés dans le film (même si souvent les textes de ces chefs-d’œuvre étaient d’une mièvrerie à pleurer), injectent directement les papillons dans le cœur, la tête et le bas ventre, propulsent les fantasme et le plaisir à une altitude qui déborde les sensations musicales.

Et les postes de radio (mono) retranscrivaient une geste authentique avec une logique de son appartenant clairement à l’époque : ce film a la qualité, parmi d’autres, de rappeler pourquoi souvent les disques de cette génération étaient produits plus ou moins fastueusement ou piètrement mais toujours dans une gangue compressée avec une insouciance libertaire, courte en fréquence, pas du tout spectaculaire et un peu confuse voire crade ; oui, mais ça correspondait à une cohérence d’ensemble, c’était fait pour passer partout, par pour complaire à une poignée de privilégiés qui commençaient à s’investir dans ce qui allait devenir à la longue avec souvent plus de désastres que de progrès, la haute-fidélité.
L’émotion était connectée directement au sens premier de la musique dans une phase de rupture culturelle et émancipatrice en mouvement.

Qu’en reste-t-il de nos jours ?
Ou, pour poser la question plus crûment : y a-t ’il une logique à écouter cette musique connotée poste de radio sur les systèmes de reproduction affutés que nous préconisons avec passion, choyons jalousement, dont nous essayons de collecter les trop rares acteurs non pervertis par la facilité du marchéage ?

Oui bien sûr !

Absolument !

Définitivement !

Euh, oui…

Evidemment que (joli, non) l’écoute de ces musiques noblement populaires via nos appareils dûment sélectionnés pour exposer à cru les facéties, foucades, traits de folie, sidérations ou concentration tâcheronne, lents développements d’idées en strates des fomenteurs de troubles musicaux de cette époque a du sens, et ô combien !


Car passé le choc générationnel perdure la puissance artistique, filtrant vers la quintessence, éliminant des artisans portés par la tendance, aussi cette ère musicale hautement bénéfique mérite-t-elle amplement, à l’égal des grandes pages du baroque (où le filtrage n’a pas toujours été idéal), classique, romantique, classique moderne, contemporain, jazz(sssss), d’être retranscrite avec ardeur, profondeur, dynamique, puissance, panache, densité, justesse ou délicatesse…

… Avec respect.

Hendrix et évidement tant d’autres cette même décennie et les suivantes, Beach Boys, Animals, Rolling Stone, Dylan, Jefferson Airplane, Simon and Garfunkel, Zappa, Sergent Peppers, Bowie, Canned Heat etc… sont dorénavant des grands classiques et doivent être traités comme tels afin d’en multiplier les ressorts émotionnels, les affiner, les épanouir.

 

Cette manne novatrice ne nous parlant plus aussi directement en motivations originelles que dans son époque ou contexte, quelle que soit l’éventuelle nostalgie, et au même titre que le classique autorisé ou le jazz foisonnant des pionniers, a besoin désormais qu’on en fouille la luxuriance et la fécondité, les conceptions, le cœur pulsant touchant ou mutin, drôle ou vigoureux, la savourer  sur un système de reproduction naturellement prolixe permettant de bourlinguer bien au-delà du premier degré d’une génération, où les plus visionnaires mesuraient à peine que la météore Hendrix relevait du pur génie, n’y percevant pour la plupart que la sédition induite, la soif inassouvie de liberté, l’audace d’une prise de pouvoir, l’innovation révolutionnaire, la rupture, la provoc, et pas forcément l’intensité créative, la dextérité coloriste jamais égalée, l’ardeur volubile.


Si on est toujours surpris de découvrir ce que recèle un beau vinyle de Furtwängler, pourquoi ne pas écouter Zappa ou Jefferson Airplane ou tant d’autres avec la même intransigeance ?

Eh oui : haute-fidélité bien choisie, émotion garantie !

 

Vibrer au démon, frissonner aux poèmes lyriques délirants et pétulants d’idées sidérantes, déguster goulument des feux de couleurs et de rythmes jamais égalés, serrer les dents sous le grain qui racle… Explorant timbres, palettes virtuoses, matoiseries de successions d’accords inédits, déhanchements rythmiques, finesses ductiles, effets de chant, tremolos ou respirations, glissements groovants… Grelotter de volupté hédoniste sous la chaleur paradoxale d’une émotion nouvelle, en renouvellement perpétuel, n’est certainement pas moindre jouissance que les frissons épicuriens de l’insurrection.


A l’époque on s'enflammait à la gloire de Hendrix par enthousiasme contestataire, aujourd’hui on peut vérifier que l’esprit divin en est incontestable par acuité mélomane !

L’émotion vraie n’est pas que celle d’un instant, la relation à l’art véritable permet de varier le saisissement à l’occasion de chaque regard posé sur une même œuvre, et c’est peut-être ce qui fait le tri entre art mineur barbotant dans le buzz d’un instant, et l’art majeur éternel.

En musique, pas de salut : si Popa Chubby rend avec brio un hommage permanent à Hendrix, il n’est pas Hendrix.
Place donc à la haute-fidélité telle que nous, membres incorruptibles de staCCato (hi hi !), la concevons, pour ressusciter le pur farfadet, renouveler à l’envi le bouleversement que revendiquent les véritables amoureux de La Musique, sans frontière, genre, date, couleur ou culture !

Car là est le rôle de la haute-fidélité vraie : être suffisamment honnête pour offrir une perception nouvelle à chaque écoute d’une même œuvre !

Au risque d’enfoncer le clou, j’insiste sur notre définition de la Hifi à l’encontre de la Grande Hifi Internationale : frissonner en écoutant Hendrix ou Zappa ou les Stones, suppose de confier sa chère musique à ces rares ensembles de reproduction qui magnifient la différence, savent révéler la marginale altérité entre deux artistes, pas ceux ultra-majoritaires qui régurgitent du plus beau que nature et lustrent ainsi les différences parfois subtiles qui caractérisent chaque individu et qui font que Popa Chubby n’est pas Hendrix mais pas non plus un clone ou un pâle imitateur.

L’émotion est plus qu’un frisson éphémère : elle peut s’entretenir et se perpétuer à condition de la transmuer.

 


le microsillon aujourd'hui


 


avril 2015

 

 

Un des refrains du moment concerne le retour du disque noir.

Un peu comme celui des amplis à tubes.

L'histoire d'un succès, d'un renouveau, d'une renaissance.

Mouais...

On nous vante le triomphe de la qualité musicale de la vieille galette face à la poussée du "démat" dont certains journalistes reviennent après l'avoir pourtant promu au rang de tueur du CD moins de 10 mn après ses premiers balbutiements.

Ils en reviennent sous prétexte de tests poussés, rigoureusement aussi peu rigoureux que ceux effectués quelques années plus tôt et qui avaient mené à la conclusion contraire.

Et maintenant on nous assène qu'un lecteur CD Rega à 900 balles écrase tous les lecteurs réseau ou serveurs audio du marché...

Ben tiens.

En attendant un prochain revirement, revenons à notre sujet du jour : le bon vieux microsillon ! Une valeur sûre.

Qu'en est-il de ce retour fracassant ?

On le sent en effet, nous voyons pas mal de jeunes gens par exemple qui, sans doute un peu lassés par le cumul anarchique de données MP3 sur les baladeurs numériques, tombent un jour sur la collection des 33 tours de papa, s'aperçoivent, émus, que ce n'est pas désagréable d'avoir ce bidule anachronique entre les mains qu'il faut manipuler avec précaution, accompagné de belles pochettes grand format avec des illustrations parfois superbes, sophistiquées ou extravagantes...

Et puis qui, l'essayant - le plus souvent dans des conditions très moyennes, un Teppaz ou une Dual de Cro-Magnon dont la pointe en silex est ravagée -, trouvent que, quand même il se passe quelque chose soudain qu'ils n'avaient pas jusqu'alors dans l'écoute des fichiers compressés injectés directement dans le cerveau ou sur les médiocres HP des portables.

Ben oui, hein...

Les incorrigibles de la galette noire diront en haussant les épaules, suffisants : « pas étonnant, on n'a jamais fait mieux... »

Mmhhh, on peut dire ça !

A condition de prendre quelques précautions oratoires quand même.


Le vinyle c’est formidable, oui, sans aucun doute, et, pour certaines sensations sensuelles, irremplaçable. Je peux en parler, je passe beaucoup de temps en ce moment sur mon nouveau jouet (une Acoustic Solid Wood MPX, un bras WTB 213 et le VIDA) à reclasser ma discothèque microsillon, redécouvrant tant de perles oubliées : il est vrai qu’on vibre d'un plaisir incomparable dans le lien organique et la matière onctueuse qui n’appartiennent qu’aux vinyles incitant sans aucun doute à pardonner les nombreux défauts inhérents au principe même de la lecture.

J’écoute en ce moment même le dernier acte du Crépuscule des Dieux, une édition originale numérotée, j’avais oublié que j’avais encore cette merveille, dans la version quand même décapante de Solti à la tête de Vienne, Birgit Nilsson, Fischer-Dieskau, Frick et Windgassen.

Ca craque un peu, il faut vraiment que je m’achète la belle machine à laver les disques que je vise, mais je suis ébahi par la dimension poétique et subtile que j’avais oubliée à n’avoir écouté depuis des années que la célèbre remasterisation CD (magnifiquement faite sans aucun doute) qui date de… 1997 ?, et pas tous les jours qui plus est.

Sur le CD, le spectacle tend vers un paysage grandiose aux reliefs et couleurs paroxystiques, hollywoodiens, les traits sont surlignés, les cuivres, impressionnants, ont le gosier goitreux et leur grain magnifique est un rien fictif, les contrebasses ronflent à loisir, tendance générale à l’outrance extraordinaire qui contribue à faire que certains considèrent Solti comme parfois légèrement bourrin.

Sur le vinyle on découvre derrière le spectacle grandiose un monde de finesses, des jeux de couleurs délicats, on entend le subtil travail de l’orchestre (cordes raffinées à souhait !) qui semble jouer entre les creux et les pointes des comédiens pour accentuer un trait, accompagner un geste, prévenir une phrase, magnifier une plainte ou une pique acerbe, c’est d’une théâtralité mesurée et merveilleuse, on reconnaît ce travail de titan qu’a dû représenter cette captation idéale et la post-production scénarisée, probablement impossible de nos jours pour des raisons économiques évidentes. C’est quasiment une interprétation différente, sans pour autant que l’une soit à rejeter. Disons que la mise en lumière diffère mais au profit de subtilités artistiques que le CD ne permet pas de deviner. En grande partie, je le répète, du fait des choix lors de la remasterisation.

Maintenant la réalité est-elle toujours aussi merveilleuse et le choix aussi manichéen ?

Non !

Je ne suis pas de ceux qui se sont contentés de pleurer la disparition du vinyle ou se morfondre sur la vieille rengaine du : « le CD c'est pas bien, ça fait pas de musique ».

Tout ce dont je conviendrai à la rigueur, c'est qu'il est plus facile de se faire plaisir avec une petite platine vinyle à prix modéré qu'en CD.

Mais condamner le CD jamais !
Et évidemment encore moins les fichiers numériques même s'ils ne rejoignent pas le meilleur des trois mondes, encore que. Des esthétiques différentes tout au plus et qui fonctionnent toutes à condition qu’elles suivent une filière de pensée cohérente.

S’arrêter à considérer que seul le vinyle détient la vérité, c'est d’emblée renoncer à des décennies de productions musicales majeures qui n'ont jamais été proposées en microsillons ou alors dans de mauvaises conditions.

Parce que, ne nous y trompons pas, le vinyle n'est pas toujours qualitatif, avant même de parler de l’usure ou de la poussière ou des particularités de mise en œuvre.

On oublie un peu vite que, même à la grande époque, il y avait de lourds écarts de valeur de pressage, qualité des matrices, des moules plus ou moins usés etc…
Or, la plupart des « pressages » actuels vont de moyens à franchement épouvantables, même certains pressages réputés audiophiles. Sans compter la masterisation amont.

Pour des enregistrements de musique d’aujourd’hui, on ne peut pas faire grand-chose, si ce n'est éviter de rester bloqué sur le vinyle à tout prix. Pour de nombreux disques, il vaut mieux opter pour le CD ou mieux : un excellent fichier dont certains en haute définition creusent vraiment l'écart, sauf si vraiment on prend un plaisir sensuel et inaliénable à manipuler le disque noir, auquel cas je m’incline.

Pour des rééditions de disques issus du passé analogique, la question est tout autre, le bon vieux microsillon trouve sa pleine justification et il faut dès lors bien réfléchir entre la tentation de la facilité, à savoir acheter des rééditions actuelles, ou chiner pour trouver d’anciens pressages voire d’origine.

Pourquoi les galettes actuelles ne sont-elles pas à la hauteur ou rarement ? Pourquoi le son est-il souvent dur, aux articulations raides, la dynamique fine pourtant sans équivalent du microsillon souvent gommée et les musiciens accompagnés de pétillements magnétiques secs, etc…

Les réponses sont sans doute multiples, mais à ce stade j’avoue que j’en suis réduit à des hypothèses…

- Piste n° 1 : on peut par exemple avancer que bon nombre de vinyles réédités de nos jours sont issus d’une masterisation numérique faite pour le CD et pas retravaillée spécifiquement, à l'excepion de la compression RIAA évidemment, pour un support dont les critères techniques sont différents. Idem d'ailleurs pour les fichiers dits Haute-Déf, qui très fréquemment (le plus souvent aujourd'hui encore ?) sont issus des normes CD. Le temps arrangera l'affaire pour la haute définition, pas pour les microsillons.

Admettons que l'éditeur parvienne à remonter à certaines bandes analogiques dites originales (plus probablement issues de copies de copies de sécurité) on se demande ce qu'il en reste après toutes ces années, par quel process il faut les faire passer pour les restaurer et selon quels critères dans l’angoisse idiophile de la modernité. Une bande analogique avait une durée de vie de quoi : 10 ans sans altération ? 20 ans peut-être exploitable (c'est très optimiste) à condition que la bande fût de haute qualité, et encore, conservée dans des conditions idéales, régulièrement déroulée pour éviter que les spires ne collent.
                                                                                                                       
En outre, il y a la question du matériel utilisé pour la lecture et la restauration, pour traiter le souffle que le temps intensifie. Même chez un éditeur comme Classic Records dont le travail était incontestablement soigné, on identifie assez vite une couleur générale omniprésente, une matière des timbres identique et d'autant plus flagrante si on compare avec un pressage de la belle époque du même enregistrement, sans même parler de premiers tirages. Outre cette signature sonore, probablement due au matériel utilisé, lecture de bande, fabrication de la matrice, on constate en comparant avec de vieux pressages qu'on n'a pas vraiment la même texture, la même richesse sensible, le même frémissement.
Toutefois, c'est du travail bien fait, généralement plus raffiné que le CD équivalent, d’accord, et dont on peut tirer beaucoup de satisfaction émotionnelle, si l'équipement final est à la hauteur.

-    Piste n° 2 : sans doute parce que la qualité du vinyle, je veux dire la matière en elle-même, n'est pas soignée comme dans les grandes heures ; il s'agirait le plus souvent de vinyle recyclé, ce qui d'ailleurs se détecte vite, il suffit d'entendre les pétillements électrostatiques très secs pour comprendre que la matière vinyle est médiocre.

-    Piste n° 3 : la fabrication des matrices ou le pressage lui-même sont possiblement un peu bâclés mais ce point n’est pas une fatalité. Question de coût, c'est tout... Le savoir-faire existe toujours, enfin je crois.


Alors le microsillon oui, soit, mais pas à tout prix. Il y a à prendre et à laisser, à boire et à manger comme dit l'expression populaire...

Si vous êtes intransigeant dans votre rapport au CD ou au démat, ne le soyez pas moins dans l'écoute des microsillons. Que le plaisir soit plus immédiat ne doit pas empêcher d'être attentif et d'aller chercher au-delà, toujours dans cette idée fixe de mieux comprendre et honorer le travail des musiciens !

Ne vous ruez pas systématiquement sur les rééditions : 180 g ou 200 g ne sont pas la preuve d'une qualité ; n’hésitez pas à fouiller chez les spécialistes de l'occasion, vous trouverez facilement des vendeurs de disques de deuxième main qui font bien leur travail et sont de bon conseil, d’autant que leur clientèle principale est souvent composée de collectionneurs purs et durs plus accros à la pochette qu’à la qualité du contenu, et même si ceux-là bloquent les premiers pressages, les suivants sur la liste sont quand même supérieurs à la plupart des rééditions.


Ma logique du vinyle est simple : à chaque époque sa vérité, sa ligne technique.

Logique de riche, un peu quand même oui...

Production moderne ? CD ou idéalement fichier haute définition, car la ligne de production a été pensée dans ces formats, travaillée dans un environnement, une cohérence numérique à quelques exception près, soit.
Maintenant si vous voulez quand même le 33 T, d'accord, mais par plaisir de l’objet essentiellement, ou de colorations plaisantes que vous procure votre platine. D'autant qu'il y a des exceptions... Et des collectors, telles les éditions ultra de Jack White, ou quelques autres farceurs sympathiques, bonus cachés sous l'étiquette, début de piste différent sur un même morceau selon l'endroit où on place l'aiguille, plages en 33 ou 45 ou 78 tours (il est gentil mais il faut pouvoir le lire !!!), et même lecture à l'envers. Pas sûr que la précieuse pointe de lecture apprécie l'exercice, mais bon, il faut saluer l'inventivité promotionnelle et reconnaître que ce genre d'initiative contraint à être attentif à ce qu'on écoute.

Suite de la logique " une époque un support " : pour goûter tout ce qui date de la grande époque du vinyle, oui, on peut affirmer que rarement le CD permet de retrouver exactement l’envoûtement, la suavité, l’évidence ou le naturel des enregistrements, même des remasterisations, souvent galvaudées, visant plus à faire rentrer de vieilles bandes dans les rangs d'une apparente modernité, pas de souffle, pas de distorsion, des timbres plus précis et tant pis si au passage la sensualité frémissante, les variations internes du rythme ou les nuances dynamiques sont passées à la trappe.

Qu'on le veuille ou non, la pensée technique de l’époque allait de fait dans un sens unique : bande analogique, mixage analogique, master analogique, reproduction analogique, et ça se sent, ça se déguste autrement, ça a du sens, c'est beau, c'est juste, c'est direct.

Indubitablement, les cordes des violons procurent un soyeux en analogique qu'on ne retrouve que difficilement en numérique ;  l'euphonie, les subtilités d'articulation, de lien, la densité du huilé, le naturel dynamique sont admirables, la plénitude des timbres notamment sur les forte, etc... ; l’atmosphère habitée des premiers Rolling Stones ou James Brown, si contestables que soient les enregistrements en eux-mêmes, offre une vérité palpable et une grande portion d'un jazz majeur est plus immédiatement excitante en analogique pur.

Ceci, on l’aura compris, à condition de privilégier autant que possible les tirages d'époque, idéalement des premiers ou seconds ou troisièmes tirages, et encore en faisant attention au pays d'origine et bien sûr à la quantité de tirages effectués, mais sans forcément non plus en faire une obsession.

Plaisir de collectionneur comme je le disais plus haut ? Non pas exclusivement.

J'ai acheté récemment un pressage ancien de Revolver des Beatles.
J'avais le choix entre deux, un premier (ou second, je ne suis pas formellement sûr) pressage français et un premier pressage anglais. Le collectionneur aurait choisi le second, personnellement j'aime bien ce disque, mais acheter un premier pressage uniquement pour Eleanor Rigby, c'était quand même excessif, même si en comparant les deux (le vendeur me les a gentiment confiés) il y avait incontestablement un plus pour le pressage anglais, ça ne méritait pas la différence qui se chiffrait en plusieurs dizaines d'euros car de toute façon, la magie était au rendez-vous dans les deux cas !

Il y a sans doute quelques disques pour lesquels je me damnerais, soit, pas Revolver. Aussi à ce stade, vous faites ce que vous voulez, la valeur sentimentale n’a pas d’argus.

J'ai acheté à Munich quelques belles choses (d'occasion) en musique classique et ai pu une fois de plus comparer mes achats raisonnables (à une exception près pas plus de 15 euros par disque) à des pressages audiophiles modernes (entre 25 et 40 €). L'écart était bien plus flagrant qu'entre les deux pressages de Revolver. En faveur des tirages anciens évidemment, alors qu'il ne s'agissait pas de premiers pressages.

Pour autant, la qualité de versions vinyles "audiophiles" dûment sélectionnées surpasse les versions CD ou SACD ou HD par certaines délicatesses d'attaques, sinuosités dynamiques complexes, ou peut-être plus simplement encore une fois parce qu'on vibre à la logique plus cohérente de l'univers analogique.

Ce qui ne m'empêche pas d'avoir été ému par les mêmes disques en CD quand la masterisation n'était pas honteuse et le lecteur à la hauteur.

Autre exemple parlant de la mixité : j'ai acheté il y a quelques années une réédition moderne vinyle de Melody Nelson.

Je l'ai posée maximum 30 secondes sur la platine tellement le son était dur, épouvantable, sans nuance face à une excellente version super bien foutue en CD (alors que peut-être précisément les ingénieurs n'ont rien fait de spécial au moment de la masterisation).
Et puis lors d’une foire au disque, j'ai trouvé une édition ancienne à 20 €, j'ai pris, j'ai écouté.

Bon d'accord, c'était incontestablement supérieur au vinyle merdeux ; ça ne rend pas l'écoute CD (certes sur une machine de compétition) particulièrement honteuse, mais c’est quand même plus riche et le tiercé devient plus complexe.

Là encore, tout est question d’attente, mais en tout cas le pressage actuel est à bannir !

Alors, vous allez me dire (si si, vous allez me le dire ) : c’est bien gentil d’acheter des vieux disques tout poussiéreux, mais s’ils sont vieux, ils sont usés !

Oui, c’est le risque. Oui, il faut faire un peu attention, oui, il vaut mieux s’adresser à un commerçant de confiance avec qui vous pourrez éventuellement les échanger si vous n’êtes pas satisfait.

Mais dites-vous que, le plus souvent, les vieux disques sont encrassés plus qu’usés. L’usure ça existe, notamment les disques de jeunesse écoutés en boucles des heures et des heures de suite, creusant une empreinte nouvelle dans le vinyle sans lui laisser le temps de se reformer, surtout si l’écoute a eu lieu à la pointe d’une épée.

Mais même un peu usagés, on sera surpris de voir de quoi les vieux vinyles sont capables.

Quant à l’encrassement, oui, c’est plus difficile à éviter. Il y a des machines à laver les disques qui permettent de contrer efficacement (plus ou moins selon les modèles évidemment) et si vous avez une belle collection, c’est un investissement à considérer, même à plusieurs, entre amis mélomanes car on n’en a pas besoin tous les jours non plus, et vraiment dans certains cas, le résultat tient du miracle, on n’est pas loin de la restauration !

Les microsillons étaient costauds et ont de l'avenir, sans aucun doute...


J’aborderai probablement sous peu la question de la technique des platines, bras, cellules etc… Pas toujours simple non plus.

Mais quand l'installation est faite, c'est un bonheur sans cesse renouvelé.

 

NB : j’emploie ici le mot édition dans un sens large pas stricto sensu, à savoir nouvelle d’édition suppose changement de pochette, de label, d’un titre ou de l’ordre des titres etc…

Les étapes de fabrication d’un vinyle sont multiples et commencent par la gravure au burin diamant d’un Lacquer Master ; par pressage seront tirées des matrices, un jeu de positifs / négatifs comme en photographie argentique (négatif, interpositif et internégatifs puis tirages). Car - de mémoire - on sort alors des matrices positives et au moins une négative, la seconde étant une matrice de sécurité qui permettra de reproduire des moules sans revenir au Lacquer Master plutôt fragile.
Je ne sais pas si certains pressages modernes s’offrent le luxe de revenir aux matrices originales (négatives) mais j’en doute.

La gravure est effectuée après une « égalisation » (uniformisée en 1954 par l’association interprofessionnelle américaine RIAA) de la courbe de réponse en fréquences, visant très schématiquement à une atténuation du grave (pour éviter que les fréquences grave ne dévient le burin et permettre ainsi un meilleur remplissage en longueur par face) et une augmentation de l’aigu pour éviter qu’il soit noyé dans le bruit de fond.

C’est la correction inverse que va opérer la courbe RIAA de votre préampli phono.

Les matrices (1 par face évidemment) étaient données pour une production d’un millier de disques de première qualité mais pouvaient être utilisées parfois pour tirer jusqu’à 10 000 disques ; inutile de préciser la dégradation de la matrice. La norme admise tournait autour de 2 500.

C’est sans doute ce qui explique que les collectionneurs cherchent idéalement les pressages originaux venant du pays d’origine du disque.

Car aux autres pays étaient fournis une bande copie de sécurité et parfois peut-être des positifs issus du négatif de sécurité.

Pour autant, je ne crois pas qu’il y ait moyen de repérer la quantité de disques tirés d’une même matrice.

Un exemple de numérotation sur disque particulièrement complète indique :
-    Une partie de la référence de publication qui est indiquée sur la pochette.
-    La face du disque
-    Enregistrement sur bande (par opposition à directement sur le master) et parfois la génération de bande ou une nouvelle gravure ou un changement de contenu (22, 23)
C’est seulement en cas de changement de contenu qu’on devrait parler de nouvelle édition.
-    Parfois une sorte d’indication de la génération de matrice (B, C, E), donc issue d’une mère et pas originale.
-    Parfois les initiales du graveur
-    Le format du disque (M3, M6, M9)
-    Le n° du moule qui est cumulatif (numérotation continue) à travers les années mais est parfois réutilisé pour des rééditions ultérieures et ne donnent donc pas une idée précise de l’année de pressage sauf à être un spécialiste particulièrement pointu.

Donc pas d’indications de la numérotation de quantité de tirage pour autant que je sache.

Maintenant, est-ce que tous les éditeurs utilisaient la même nomenclature ? Non.
Parfois apparaît ce qui pourrait être une date, mais est-ce une date de pressage ou d’édition ?

Hé hé, pas simple de s'y retrouver, n'est-ce pas ?

Mais, je vous rassure, les mêmes blagues existent dans le CD et les qualités de masterisation et pressages sont au moins aussi variées.

Pour autant, ça n'altère pas le plaisir...

Vive la dématérialisation !

 


évolution hautement favorable


En m’évertuant à remettre mon site à jour, je m’aperçois que j’ai laissé quelques articles qui datent beaucoup.

Je ne parle pas tant de ceux qui relatent des évènements passés - pourquoi pas après tout ? - mais de ceux qui évoquent un état des lieux techniques à un moment donné.

Deux articles concernant l’état de la musique dématérialisée me semblent devoir être conservés, notamment pour comprendre l’évolution des technologies (enfin stables), des résultats et d’un état d’esprit.

Raison pour laquelle je ne vais pas les remplacer, mais les compléter par diverses précisions par suite de l’évolution du matériel et des technologies.

 

1. Les banalités techniques :

- les divers sites de streaming du marché ne procurent pas tous les mêmes qualités techniques de fichiers en streaming.

donc, ne concluez pas en écoutant en BT des fichiers MP3 issus de Deezer (ou OGG à cette heure chez Spotify, système de compression à priori moins compromettant) que le streaming ne fonctionne pas.

- évitez les procédures de type Airplay, pas mauvaises, soit, mais moins révélatrices qu’une vraie lecture réseau, autrement dit où tablette ou smartphone n’ont qu’un rôle de télécommande, pas de relais.

- n’imaginez pas que sous prétexte qu’il s’agit de transmettre des 0 et des 1, tous les lecteurs réseaux se valent

- soignez l’environnement réseau. J’en ai moi-même fait l’expérience en remplaçant un switch qui commençait à dater par un tout neuf et puissant, et un recâblage (pas même spécial hifi), mais à jour et c’est fou ce que nous avons optimisé à tous points de vue : rapidité de fonctionnement et qualité audio.

- si vous en avez envie, vous gagnerez évidemment à soigner les alimentations des routeurs, serveurs ou switches.

- incontestablement la qualité de streaming directe (je veux dire depuis les plateformes) a progressé et très nettement, chez Qobuz en particulier, au point d’être parfaitement utilisable comme source principale y compris sur une très belle installation haut-de-gamme. Enfin : si le lecteur réseau est à la hauteur, évidemment…

- toutefois, à lecteur réseau égal, on constate sans doute aucun que l'exploitation des mêmes fichiers téléchargés sur un bon serveur (NAS) et lus en local est supérieure, musicalement plus fourmillante encore.

- en outre, acheter des fichiers permet aussi de classer aisément et clairement sa « discothèque ».

 

2. L’alibi moral :

- oubliez les arguments qui parlent de la mauvaise rétribution des artistes. S’il est vrai que tout n’est pas résolu, les conditions de rétribution évoluent considérablement notamment sous l’impulsion de Qobuz.

- dans le même cadre, somme toute, ce sont les éditeurs qui ont la main sur les négociations finales.

combien d’artistes découvrons-nous grâce au streaming que l’on n’aurait jamais connus, repérés, rencontrés, égarés au cours de piles anonymes de CD postillonnées dans les grands magasins « culturels » ?

- combien d’artistes ai-je un relatif plaisir à écouter en streaming alors que je n’aurais jamais acheté leur disque, et d’ailleurs ne les apprécie pas suffisamment pour acheter les fichiers correspondants.

Sachant, pour être précis, que j’achète une moyenne de 4 à 500 fichiers par an. Par fichiers, je veux dire albums complets. Et, dès que possible, en Haute-Résolution.

- l’expérience récente de musiciens (du classique) que je connais est édifiante : sur un disque important de leur discographie, l’éditeur refusait la publication sur des plateformes s’obstinant sur l’idée de ne fournir que du CD, parce que c’était plus noble, le travail sur les jaquettes, le livret, etc… Ces musiciens (un Quatuor) ont fini par négocier le droit de streaming sur un seul des 7 opus du disque. Et ont plus gagné en quelques semaines avec un seul titre que sur la totalité des ventes de l’album concret.

- oui, on peut regretter les livrets ou jaquettes mais, d’une part, on n’interdit pas aux éditeurs de les livrer avec les fichiers (ça arrive fréquemment) et on trouve en navigant sur sa tablette des informations complémentaires que les livrets, souvent écrits trop petits ou avec des mises en pages illisibles, ne contiennent pas. Changement d’habitude soit, mais moins d’informations, certainement pas.

 

3. Lecture dématérialisée vs lecture CD :

- en comparant ce qui est comparable, à savoir des fichiers 16/44 non compressés contre leur équivalent lu sur un CD, à machines de qualité comparable (ce n’est pas forcément facile à déterminer), la lecture réseau prend généralement le dessus. Que les fichiers soient CORRECTEMENT rippés (par vous depuis vos CD) où directement issus d’une plateforme de distribution.

Un des exemples les plus faciles est la comparaison sur un lecteur CD pourvu d’une entrée numérique à laquelle on relie un lecteur réseau, soit un câble supplémentaire par rapport à la lecture directe.

A ce jour, seuls deux lecteurs CD ont fait jeu égal en lecture CD et dématérialisée. Dans tous les autres cas, la lecture dématérialisée l’emporte. J’insiste : dans un cadre très maîtrisé de test.

Il y a des exceptions, notamment des « fichiers de première génération » livrés sans grand soin au début de l’activité des plateformes.

- en comparant le CD à un fichier Haute-Résolution bien fait, la question ne se pose même plus.

Cependant, nous constatons que certains n’apprécient pas forcément la Haute-Résolution ; cette foultitude d’informations supplémentaires qui rapproche des musiciens, de leur humanité, perturbe quelques mélomanes, plus à l’aise avec un « arrondi » arrangeant.

Rien dire, c’est un rapport à la musique. Quand en revanche cette simplification est considérée comme plus émotionnelle, je dis non, en aucune manière, et il ne faut pas confondre résolution subtile avec froide analyse détailliste.

- tout ceci bien sûr à condition de ne pas tomber sur des fichiers HR mal faits, notamment ceux de première génération qui n’étaient le plus souvent que des copies de bandes 16/44. Voire de fichiers rippés, et mal.


Phantom of the...


30 juillet 2015

 

Phantom of the...

 

Tous, que nous le voulions ou non tant le battage mercatique est intense, voire écrasant, avons entendu parler de la merveille technologique créée récemment par Devialet, la start-up la plus primée et la plus médiatisée du moment : le Phantom.

Un joujou extra (hum...), je l’ai eu au magasin et défends avec plaisir les vertus objectives de ce bidule sympa, attrayant et évolutif.

 

Ce n’est pas pour évoquer les qualités et limites du petit bolide que j’écris aujourd’hui. Que dire de ses qualités de toute façon ? Les enthousiastes conquis se limiteront aux déclamations présentant le « casque de moto qui fait du bruit » (c’est Sophie qui l’appelle ainsi) comme rien moins que la meilleure enceinte du monde, d’autres hausseront les épaules considérant que plus on clame fort un argument publicitaire, plus il sonne creux, et enfin les boudeurs avertis se gausseront de données techniques hallucinantes, superfétatoires et fantaisistes, chantres d’une époque révolue… A chacun de se faire son avis. Le mien, je l’ai exposé plus haut.

 

Si j’écris aujourd’hui c’est pour exposer une réflexion née au hasard d’une discussion entre copains, il y a quelques semaines, où je posai une question qui me vint soudain à l’esprit : mais à votre avis pourquoi «Phantom» ? Pourquoi avoir appelé cet objet ainsi ?
Ça a peut-être été dit à la journée de formation, mais j’étais retenu par une obligation nettement moins drôle.

Chacun y est alors allé de son hypothèse pendant que par devers moi je me disais qu’il faudrait que je pense à poser la question à Devialet tout simplement.

 

Phantom parce qu’il est discret, petit, qu’il peut se poser n’importe où ou presque, parce que la liaison entre la source et lui ou lui et ses frères passe par les limbes, parce qu’il est petit et blanc comme Casper et peut crier très fort et faire grand peur…
… Ou encore tout simplement parce que…
J’aime bien cette proposition-là.

 

Mais la réponse qui m’a le plus séduit a été : « mais c’est évident, c’est en référence à "Phantom of the Paradise", l’esthétique du joujou évoque le masque blanc derrière lequel se cache un génie musical… »

 

Amusant…
C’est resté dans un recoin de mon esprit par ailleurs très encombré (de beaucoup d’inutile certes) puis j’ai essayé de grappiller dans un autre recoin de ma mémoire (ne serait-ce pas plus simple d’acheter le Blu-Ray ? Si !), la trame et la symbolique de cet opus majeur de Brillant De Palma. Après tout, l'acte de mémoire est toujours créatif, n'est-ce pas ?

 

Si je me souviens bien, le film, par ailleurs kitsch et virtuose puisant à loisir aussi bien dans l’œuvre de Gaston Leroux à peine détournée et parfois magnifiée que dans le mythe de Faust, voire enfin dans le Dorian Gray d’Oscar Wilde par le pacte signé entre Swan et son double, est une attaque en règle contre le capitalisme via ses caricatures damnées : Hollywood et les majors de l’industrie musicale et leurs ramifications diverses.


Dénonciation directe de la désincarnation des énergies fertiles indépendantes par le système, de la récupération galvaudée des talents subversifs forts et autonomes pour en recomposer un indigne patchwork mâtiné et dénué de tout caractère, force, idée ou inventivité propre, agglomérat synthétique ou ersatz mou prétendant amalgamer la créativité des forces réelles, des génies, ou représentation vidée de sens dont ne reste que la triste boursouflure vide, les assauts ne manquent pas dans cette maestria elle-même récupératrice mais prouvant que récupérer voire même piller les mythes peut en enrichir la portée allégorique.

Ainsi, Beef, monstre de Frankenstein sans âme, mollusque gras molasse efféminé et crétin est le symbole évident de cette hybridation exsangue, aboutissement suprême et théoriquement idéal du pressage jusqu’à la moelle des vrais créateurs, forcément provocateurs et alternatifs dans la pensée du grand Brian ; rappelons qu’un des premiers groupes anticonformistes que l’on voit dans le film s’appelle The Squeezed Juice ou Fruit Juice ou the Juicy Fruits, je ne sais plus, peu importe, tout est dit : des artistes pressurés jusqu’à en être vidés de leur jus.


Ce qui prouve que ce genre de règlement de compte pourtant savamment troussé et ayant connu le succès que l’on sait ne change rien à la puissance de l’argent et à l’abêtissement général des gogos que nous sommes puisque possiblement plus encore qu’à l’époque, les planètes musicale ou filmique ou industrielle sont envahies en permanence d’ectoplasmes, pâles copies de copies de copies… Rien n’a changé…

 

Swan, dictateur retranché dans son antre « le Paradise », emblème magnifique des forces cyniques du fric roi et de la décadence néronienne, est rendu séduisant et dominateur par la force de la renommée, son attrait sexuel uniquement fondé sur sa réussite et sa fortune, alors que totalement dépourvu de beauté (n’oublions pas qu’à Hollywood, le plus sûr raccourci pour exprimer la beauté intérieure, « c’est une belle personne ! », comme on le bêle maintenant avec un angélisme extatique, est d’en sublimer l’enveloppe), à la limite du nanisme, même son visage d’enfant surligne sa parenté diabolique et certainement pas l’idéal esthétique des avatars de la mode ou symboles sexuels.

 

Quant au personnage central du Fantôme, Phantom of Hell, dont le visage est détruit par sa propre musique, elle-même défigurée et dont il est dépossédé - Freud s’en frotte les mains -, il est au moins aussi mégalo et amoral que Swan et le masque ou plutôt casque ne parvient pas à cacher la laideur profonde d’un être meurtri car, là encore pour reprendre la représentation de la beauté intérieure, le masque, tel l’épiderme d’un joli minois, ne peut cacher les ambivalences noires… Le basculement de l’idéaliste naïf qu’est Leach au début du film vers un monstre frustré ivre de vengeance dont la rupture morale est totale au moment où il enfile le costume du Fantôme n’est pas le moindre intérêt du film.


Autrement dit, à bien y réfléchir, je me demande si vraiment l’explication du nom de l’appareil le plus geek du moment vient vraiment de là…
Non, hein ?... Ou alors, nous n’avons pas interprété l’œuvre de De Palma de la même façon.

 


Emotion part 1


27 octobre 2014

 


L’émotion, première partie.

 


Récemment, l’amie d’un copain, alors que nous buvions un verre après la fermeture du magasin, m’a posé une question toute simple et si pertinente :
-    mais à n’écouter la musique que sur des systèmes performants, pouvez-vous encore ressentir une émotion en écoutant un morceau dans un poste de radio ?

J’ai eu besoin d’un petit moment de réflexion avant de répondre : oui, bien sûr.

Le petit délai ne concernait pas la réponse évidente, mais le besoin d’examiner l’idée même de l’émotion, ses formes et ses degrés, ses alternances, « ses natures », la spontanéité comme vertu nécessaire…

Oui, bien sûr je peux vivre des émotions musicales via un poste de radio.
Je suppose qu’elle ne sera pas la « même » émotion qu’à l’écoute d’une œuvre majeure sur un de nos systèmes de référence. Je suppose qu’elle touchera une couche différente de la perception et de l’affect, je suppose qu’elle se conjuguera dans un tempo différent.

D’abord il y a ces choses chargées de sentiments qui éveilleront un frisson en soi quels que soient les circonstances, le lieu, l’instant. La mémoire olfactive est de ce point de vue particulièrement vive à réagir, le parfum d’une femme qu’on a aimée reste à jamais imprégné dans la chair et sitôt que les narines le détectent, même subrepticement au hasard d’une foule, la réaction fuse, immédiate et ardente, voire érotique, je pourrais être attiré par le seul parfum d’une femme qui évoque des réminiscences particulières.

Idem pour des musiques, souvent liées à des souvenirs du même ordre pour tout avouer.

Une petite confession : dès que j’entends (c’est heureusement rare) la reprise de « mon amie la rose » par Natacha Atlas, je fonds en larmes, même une bribe du refrain voguant depuis une fenêtre entrouverte au milieu d’un embouteillage infernal.

Je refuse d’entendre une seule seconde du final de West Side Story tant la fatalité de l’issue m’a secoué, d’autant plus maintenant qu’il y a quelques mois une belle jeune femme est entrée dans le magasin et, parmi les quelques disques qu’elle avait apportées pour choisir sa chaîne, a brandi ledit instrument à larmes.

J’ai aimé cette jeune femme sur le champ. Hum… pas seulement pour WSS… Je l’ai d’ailleurs évoquée lors d’une autre rubrique. Je suis raccord avec moi-même, c’est pas si mal.

Un fan de Johnny Halliday n’a pas besoin d’une chaîne à 50 000 € pour apprécier son idole.

Si j’entends quelque part « the End » des Doors, je suis pris d’une sorte de détresse parce que ça évoque le choc de ma première vision d’ « Apocalypse Now » auquel j’ai été particulièrement réceptif, mais l’intensité n’est pas plus élevée en l’écoutant sur une chaîne qualitative (et éventuellement moindre sur une chaîne de luxe sans aucune expressivité, ça m’est arrivé un jour sur un salon).

Les exemples de pièces musicales que j’ai découvertes à la radio, je peux même ajouter l’autoradio lors de mes longs déplacement en automobile à moteur, sont nombreux et dans des genres très variés, quitte à être paradoxalement déçu en les réécoutant dans de bonnes conditions, qu’importe, l’émotion a été là, secousse dans la moelle épinière, cette coulée de glace dans le dos ou cette chaleur au bas des reins selon les flèches, créant l’urgence, l’impérieuse nécessité, trouver ce truc, ce titre qui a fait vibrer une corde sensible, peu me chaut laquelle.

Et je peux citer des pics aussi différents que la première écoute en voiture pendant nos vacances en 1992 à Bayonne en identifiant Peter Gabriel sur quelques secondes du titre Digging in the Dirt après 6 ans d’attente vorace d’un nouvel opus de l’Archange, Maroon 5, the Zutons, Robin McKelle ou Imelda May qu’une symphonie de Bruckner par Abbado

Je vais même plus loin : il y a pas mal de disques que je n’aime qu’en voiture, j’en profite avec un plaisir sans équivalent, savoureux, attendu, impatient, sur les longues plages d’autoroute que le cheminement m’impose,  participant au délassement de rouler longuement sans urgence.

Souvent nous nous sommes pris à échanger avec un collègue au retour d’un lointain rendez-vous professionnel ou d’un salon à propos de telle ou telle version entendue sur France-Musique et décider de l’acquérir dans la foulée parce qu’on a tous les deux ressenti fortement qu’il se passait quelque chose, quitte parfois à s’apercevoir à l’issue du titre que l’un de nous a déjà cette version, oubliée ou négligée, passé à côté.

Je peux éprouver un bien-être lascif à ébaucher des pas de danse (tout seul, quand personne ne me voit !) en écoutant Prince en MP3 sur la minichaîne du salon, ou en écoutant un truc sans grand intérêt à la radio simplement parce que la conjonction est idéale, je peux, dans les mêmes conditions, me raconter des histoires splendides en écoutant des airs ou des artistes que j’aime plus ou moins mais qui en cette coïncidence provoqueront quelque chose.

L’émotion a des degrés, des atours divers, des causes variées, des émetteurs ineffables.

C’est pourquoi j’emploie assez peu ce mot dans mes diatribes : ce qui la provoque est inexplicable, inextricable, l’émotion appartient à chacun.

Je parle en revanche d’expressivité, qui elle ne dépend plus de la réception mais correspond bel et bien à une Vérité Objective de l’émission.

Et c’est ce qui reparamètre tout, ce qui explique le besoin chez certains mélomanes et amènerait ceux qui en ignorent l’existence à privilégier un équipement de reproduction qui sera précisément expressif, autrement dit plus fondamental qu’un système spectaculaire ou beau dont on se lassera vite.

J’ai, pendant mon adolescence, considéré Picasso comme un artiste essentiel certes, mais en pure théorie pour moi, ma faible connaissance livresque de l’œuvre du possible génie m’arrêtant à la lisière du cérébral. Et puis un jour, lors d’un tournage, assez jeune encore heureusement, je passe au MoMA et tombe en arrêt devant « les Demoiselles d’Avignon ». J’ai pris une gifle d’une violence inouïe qui m’a possiblement fait reconsidérer mon rapport à l’art au sens large. Ce jour-là, j’ai vécu un degré supérieur de l’émotion et la compréhension d’icelle, ce qui ne signifie pas le besoin de l’expliquer.

Bien sûr quand j’ai découvert par exemple la très belle version du quatuor n°9 de Chostakovitch par le Pacifica Quartet il y a quelques mois, ce n’était pas forcément sur la meilleure composition technique du magasin, or j’en ai entendu suffisamment pour sentir cette qualité rare du Pacifica de savoir varier sans arrêt la ligne pour toujours maintenir le suspens, la curiosité, l’envie d’aller plus loin quitte à se complaire dans quelques coquetteries.

Et puis, il n’y a pas si longtemps, alors que nous découvrions les ADA de ppfff, nous étions cinq dans l’audi pas tous bien placés, j’ai installé ce disque dans le lecteur et là nous avons vécu de ces arrêts du temps exceptionnels où soudain tout devient limpide, flagrant, compréhensible, naturel, humain, l’émotion prend une qualité éminente, de mon côté parce que j’ai frémi à chaque note, à chaque souffle, à chaque nuance de couleurs, chaque audace, et compris que ce qui parfois m’avait semblé une mignardise certes destinée à stimuler une ponctuation du texte, était en fait d’une subtilité musicale supérieure absolument pas facile ou factice, plutôt une élégie supplémentaire dans cette pièce à quatre voix dont les acteurs ont au final une importance constante et comparable, je me souviens notamment, vibrant encore à l’instant d’écrire, d’une ligne tendue du deuxième violon qui m’était apparue jusqu’alors comme un peu artificielle dans sa fragilité diaphane, précieuse et qui là, parce qu’elle reprenait sa densité organique naturelle, son vibrato hésitant car la ligne est difficile à tenir, imposait un espace charnel très différent comme un paysage qui aurait été jusqu’à ce moment privé de sa perspective, son fond, son assise, et c’est un exemple au milieu de tant d’autres dans ce formidable opus qui nous a tous, que nous soyons à priori sensibles ou non à cette musique précise, emportés jusqu’au bord du gouffre, l’émotion en commun, incapables de prononcer un mot pendant que j’allais, lentement pour que nous ayons le temps de reprendre notre souffle, retirer le CD du mange-disque me demandant ce que j’allais pouvoir y placer après cet instant-là.

Rien évidemment ! Car là aussi nous étions passés à un degré incomparable de l’émotion, accompagnée d’une compréhension transcendante, nous avions VU les musiciens, nous avions vécu un partage métaphysique en leur compagnie, aussi ne fallait-il pas s’obstiner à vouloir prolonger la magie au risque d’en corrompre la volupté unique. Après le choc des « Demoiselles d’Avignon », il ne fallait pas prolonger la visite au milieu de tant de chefs-d’œuvre pour ne pas en compromettre la quintessence.

Mais c’est bien cela qui est intéressant : lorsque la totale expressivité est au rendez-vous, elle va provoquer l’émotion collectivement comme seule l’’énergie du direct peut le faire ; les exemples au magasin où 5 ou 6 personnes ne partageant pas les mêmes goûts se retrouvent à la fin d’une œuvre qu’ils croyaient connaître ou non, émus, incapables de parler pendant de longues longues secondes pour ne pas avouer les sanglots qui obstruent la gorge, immergent les yeux, sans être nombreux n’ont laissé aucun doute sur la qualité passionnelle de l’instant.

Aurions-nous pu vivre cet intervalle de sentiments partagés - ou quelques autres à travers les découvertes de staCCato - autour d’un poste de radio ?

Non.
Plus aujourd’hui.
Pourquoi cette dernière précision ? Parce que vous me rétorquerez qu’au début de la radio, des familles pouvaient découvrir, paralysées d’émotions, les symphonies que leur proposait un Toscanini sur la NBC.

Alors pourquoi plus aujourd’hui ?

Tout d’abord parce qu’il y avait dans ces retransmissions des qualités de spontanéité qu’on a peut-être perdues dans la reproduction moderne ; les nostalgiques des grandes heures du direct sur France Musique ne me diront pas le contraire, même si c’est un autre sujet.

Mais surtout, à l’époque il y avait l’émerveillement de la découverte, on pouvait encore s’extasier sur le motif de 4 notes attaquant ex-abrupto la Cinquième de Beethoven. Aujourd’hui on a franchi le stade du premier choc pour aller bien au-delà et pénétrer dans un besoin d’exploration où l’émotion réclame plus ; on veut encore être surpris par ce même bloc rythmique et la suite de « l’Allegro con brio » par l’imagination et la faculté subtile qu’aura tel chef de les faire chanter, les réinventer, les embraser ou les sublimer, l’émotion deviendra alors une détorsion sensuelle, effleurement sur l’épiderme, une caresse sinueuse aux mains lentes, torrides et glacées, conséquence du voyage, de la perte ou la fusion dans l’œuvre, pas de la découverte, mais n’en sera ni moins vraie, ni moins pure, ni moins intense.

Bon j’arrête car vient de me revenir une question qu’une fiancée m’avait posée il y a de cela quelques années et qui m’avait laissé perplexe :

-    Pourquoi est-il si difficile d’être sérieux et si facile d’être trop sérieux ?

AC

 

 

 


microsillon vs fichiers haute résolution


 

Avril 2016

 

J’ai relu récemment mon billet d’humeur sur la place du microsillon de nos jours (« et le microsillon alors ?»), article datant d’un an précisément.


Oh, je n’ai pas grand-chose à retoucher dans cette chronique, ni de raison de modifier ma position, à savoir qu’à chaque époque correspond une logique technologique qu’il n’est pas désagréable de respecter quand on peut s’en offrir le plaisir. Autrement dit, pour la musique enregistrée et masterisée en analogique (en gros jusqu’à la fin des années 70), la restitution analogique (vinyle essentiellement) offrira une saveur délectable et probablement insurpassable, à condition de soigner divers points techniques certes.


Toutefois, quelques expériences musicales vécues depuis la rédaction de cette chronique me mènent à deux ou trois brèves réflexions sur l’évolution de la position des curseurs de l’émotion musicale.


Ainsi, parmi les exemples choisis pour illustrer mon propos sur le microsillon, j’avais signalé le Ring de Solti (59-65) suite à la redécouverte dans ma discothèque d’une première édition numérotée qui creusait vraiment l’écart par rapport au superbe coffret CD remasterisé 97, une présentation et une mise en scène sonore très distinctes changeant même la perception de l’interprétation, un exemple parmi tant d’autres où le débat ne porte pas sur la nature du son plus ou moins beau, plus ou moins confortable mais bel et bien sur la conception artistique de l’œuvre.


Or, par curiosité, j’ai acheté le même ouvrage en Haute Résolution sur Qobuz, Haute Résolution d’ailleurs pas vraiment éblouissante sur le papier puisqu’il s’agit de fichiers 24/44,1 (par opposition à du 24/96 ou 24/192).


Oui mais à l’écoute, quel choc !


On retrouve l’exact équilibre tonal et dynamique du vinyle (une succulence de densité du médium inégalable) ainsi que toutes les vertus de la captation d’anthologie de l’œuvre révélant l’épanouissement luxuriant de l’orchestre et la cohésion insurpassable des solistes tous parfaits, alors que ce fichier est possiblement issu du labeur effectué pour la remasterisation CD de 97 !!!!


Ce fichier est une révélation : le microsillon est émotionnellement talonné de très très près. Bon d’accord, avec une belle combinaison de lecture numérique, drive Lumïn et DAC Accuphase, câbles Absolue Créations.


Belle soit, mais pas superlative non plus.


Surprise plus grande encore en écoutant les fichiers HR des symphonies de Beethoven par Karajan 61-62 qui, opposés aux vinyles pourtant là aussi en premiers tirages numérotés, font disparaître des duretés (dues au pressage donc ?) et apparaître une ductilité onctueuse, des délicatesses inattendues, exposent un espace et une respiration magistraux et supérieurs au vinyle, même en mettant les moyens, révélant en même temps l’exacte atmosphère réverbérante du lieu d’enregistrement, à savoir la Jesus-Christus-Kirche, mais en apportant aussi une hardiesse et une plasticité sans précédent à cette version par ailleurs idéale.

Idem pour le War Requiem de Britten par Britten (et un Peter Grimes ahurissant), les Puccini par Karajan chez Decca, ou les célèbres Tchaïkovski de Mravinski chez DG…


Et je pourrais encore citer Glenn Gould (remasterisation remarquable), ou les Beach Boys (jamais entendus comme ça en microsillon), Elvis Presley, Miles Davis, Gainsbourg (pas tous), Keith Jarrett, les Doors, Lou Reed etc, comparables en émotion pure, à défaut de savoir confronter deux formes de bonheur…


Car bien sûr, il reste un indicible et insurpassable bien-être voluptueux à écouter des belles solutions analogiques et je reste sous l’ensorcellement de la superlative démo que nous avons pu faire avec une platine Acoustic Solid, un bras VIVlab, une cellule Stein et un préampli phono Aurorasound Vida monoblocks.

Mais il y a dorénavant une relativisation impérative à la manie monomaniaque d’opposer une technologie à une autre, là où les indécrottables partisans du microsillon avaient beau jeu de dénoncer la vacuité du CD, sentence honteusement exagérée mais plaidable à l’écoute raffinée des galettes noires ; avec pour détestable corollaire l’idée de devoir renoncer à plus de trente ans de culture, à savoir ce qui s’est passé après le dérapage commercial du microsillon vers le CD.


Or, je m’aperçois que depuis un petit moment déjà, sans avoir vraiment prêté attention à la transition, l’essentiel de mes écoutes et souvent de mes démos s’appuie sur le « démat » d’un côté et le microsillon de l’autre, le CD ayant quasiment disparu de mes habitudes, n’ayant plus grand-chose à défendre sauf évidemment pour ceux qui ont d’énormes collections ou ne peuvent envisager de renoncer au contact avec le boitier en plastique.

Ce qui était mon cas naguère encore avec une collection de quelques 6000 CD quasi intégralement transférée sur un NAS depuis. J’ai franchi le cap naturellement et n’éprouve pas le moindre regret ou manque si ce n’est parfois d’avoir immédiatement sous les yeux une information futile dans le livret, très facile à trouver sur la tablette, télécommande quasi-indispensable.


Au sujet de la dématérialisation, soyons clairs : mon utilisation est fondée sur le stockage de fichiers de qualité, soit rippés soigneusement sans perte, soit téléchargés et dès que possible en Haute Résolution, lus via des lecteurs réseau ou players performants, sachant que contrairement à une idée reçue ils ne se valent pas tous.


Le « streaming » direct, Deezer, Spotify ou autres, assez quelconque, ne me sert que pour découvrir avant d’acquérir ou pas tel ou tel opus. Et encore, je prends souvent le risque d’acheter directement les fichiers, ne croyant pas toujours pouvoir déterminer les idées raffinées d’un artiste par le streaming, même en qualité « Qobuz ». Essayez d’écouter le concerto de Tchaïkovski par Patricia Kopatchinskaja et Currentzis en streaming et l’audace affinée d’humour se transformera en insupportable pédanterie.

En revanche, via le téléchargement, je clame haut et fort que nous vivons une révolution qualitative, un bouleversement qui dresse un pont direct et sans limite artistique entre le foisonnement de l’analogique de la grande époque et le chambardement numérique enfin dégagé du carcan de la petite galette argentée contre lequel des fabricants talentueux se sont évertués à lutter pour en extraire la quintessence durant des décennies. Messieurs les créateurs, mettez tout ce savoir-faire à disposition des fichiers haute-déf, les mélomanes de tout poil vous en seront éternellement reconnaissants.


Je regrette évidemment que la transition du CD vers les fichiers téléchargeables se soient faite brutalement, imposant de commander sur le net alors qu’on aurait pu envisager une phase transitoire où nos disquaires favoris nous auraient conseillés habilement puis fourni une clef USB des disques sélectionnés ensemble, accompagnée d’un livret imprimé.


Oui, mais quels disquaires ? A quelques exceptions près, ils ont tous disparu et pas même au profit d’une grande distribution vorace qui se contente d’aligner les faibles assortiments dictés par les majors.


La seule communication humaine qui nous reste renvoie précisément au vinyle où des vendeurs de galettes noires d’occasion ravissent encore notre bonheur de la discussion, du partage, comme si un plaisir d’antan devait correspondre à une conception désuète de la relation entre un vendeur-conseiller et son client privilégié.


Alors, quitte à devoir consommer sa musique numérique sur Internet, autant que ce soit des fichiers plutôt que des CD. Au moins, 20 mn plus tard au pire, on peut en profiter, même si l’envie d’acquérir un « disque » vous prend en pleine fébrilité nocturne.
D’autant que pour les disques récents, la haute-définition n’apporte que du bonheur, London Grammar ou Lorde, Yves Rousseau ou Lorin Mc Salvant, le Tchaikovsky de Kopatchinskaja dont je parlais ci-dessus ou les sonates violon/piano de Beethoven d’Isabel Faust et Alexander Melnikov et tant d’autres procurent des frissons exceptionnels impossibles en CD.


Nous vivons une époque formidable où enfin nous pouvons espérer une qualité de support musical comme nous n’en avons jamais connue, possiblement en progression constante, à condition que les éditeurs ne sombrent pas dans la facilité d’une production de masse en MP3.


A suivre avec attention et délectation donc.

 

 


musique dématérialisée V.2015


Musique dématérialisée V.2015

Texte révisé en janvier 2015



Il y a près de 4 ans, nous proposions une chronique parlant de la musique dite « dématérialisée », ou « digitale » comme l’appellent les majors. Cf le glossaire dans la rubrique Philosophie.


Où en sommes-nous dans notre rapport au « dématérialisé » aujourd’hui ?


Eh bien...

Eh bien.

Ben euh…

Comment dire…


… Si nous ne sommes pas toujours très à l’aise avec quelques points en retrait et simplificateurs autant musicaux que philosophiques, nous nous sentons quand même plus détendus quant à la capacité de certaines propositions techniques à répondre à l'exigence des mélomanes pointus…

Bref, pas d’objection dirimante…

… ou comment soigner la langue de bois.


Allez, passons aux questions de fond :

- « dématérialisé » meilleur, moins bon, pareil que le CD ?

Un peu comme pour la querelle vinyle / CD, c'est un débat qui ne nous intéresse guère, une inquiétude stérile : pas la même utilisation, pas forcément la même attente, pas les mêmes avantages et inconvénients. Bien sûr à condition de ne pas négliger la question des formats et du principe de lecture utilisé. A l’heure actuelle, le streaming direct ne donne pas des qualités comparables à ce qu’on peut obtenir en rippage ou en téléchargement et là encore un fichier MP3 engloutit un paquet d’informations utiles.

-    peut-on espérer de la qualité en "dématérialisé  " ?

Oui, bien sûr ! Sans hésitation ; nier l'évidence reviendrait à considérer que tous les lecteurs CD du marché sont bons, ce qui est loin d’être le cas !!! Thèse que nous soutenions déjà il y a 4 ans.

Alors, oui,  on peut frémir, vibrer en écoutant du « dématérialisé ».
Au risque de se répéter : à condition d’utiliser des fichiers stockés de type Flac minimum et idéalement Wave ou Aiff et des solutions techniques soignées.

En outre, maintenant que les artistes ou maisons de disques commencent à mesurer l'intérêt de l'enjeu apparaissent enfin des fichiers Haute-définition qui ont réellement du sens artistiquement et ne sont pas que la version 24/96 de la masterisation CD.

Et là, musique dématérialisée s'envole vraiment !

Certains fichiers réellement DSD natifs, chez Channel Music par exemple, ou Vulnicura de Björk sont des jalons importants.

-    doit-on renoncer aux CD ?

Non, évidemment pas !

Si vous avez une belle discothèque, si vous aimez les longs textes et les illustrations qui accompagnent vos CD, si vous préférez la concentration requise par la manipulation physique d'un objet, gardez-votre lecteur ou changez-en en mieux ; croyez-nous, jamais la qualité de lecture des CD n'a été aussi bonne, ces chers lecteurs (certains au moins) continuent de progresser et de façon stupéfiante…

En outre, contrairement aux augures de Cassandre ignorantes, la production de CD ne va pas s‘arrêter de sitôt.

-    la qualité obtenue en « dématérialisé » est-elle supérieure au CD comme on le lit à droite à gauche ?

On y revient sans cesse, c’est un peu la même question qu’un peu plus haut.

On ne peut pas répondre à ça, pas aussi simplement que beaucoup l’osent sous prétexte que c’est dans l’air du temps, c’est mode, c’est nouveau donc c’est mieux !
On disait ça pour le CD aussi… Il lui a fallu 15 ans pour murir et aujourd’hui encore les résultats sont contestés par les intégristes du vinyle. Mais il a sauvé l’industrie du disque.

Bref, « c’est mieux ou moins bien ? » n’a pas de réponse définitive, trop de variables à prendre en compte dans les tests dont aucun jusqu’à présent n’a donné de preuve irréfutable, quoi qu'en pensent les partisans des fichiers Haute-définition, DSD ou autres.  

De tous les essais que nous avons effectués (et en quelques années on en a menés, avec parfois des combinaisons carpolapinesques, qui s’est amusé à séparer fichiers et marqueurs sur des disques différents par exemple ?), nous obtenons quand même à ce jour un résultat encore légèrement supérieur avec quelques lecteurs CD (un en particulier !), à DAC identique et câble numérique superlatif ; qu’on le veuille ou non, il y a certaines légères nuances, subtilités que le « dématérialisé » érode, conceptualise, enjolive. Ce que les optimistes appellent naïvement une restitution analogique…

Pas du fait de la nature des fichiers, théoriquement et vraisemblablement supérieurs en effet à des infos gravés sur un CD en plastique (et lues tant bien que mal en flot continu), mais de la gestion du flux probablement, et de tout ce qui se passe quand les jolis bits voyagent et surfent ; n'en déplaise « aux informaticiens qui savent », des uns et des zéro, ça reste du signal électrique.

Toutefois le débat, comme nous le disions, est stérile : certaines solutions « dématérialisé » enterrent de nombreux lecteurs CD, question de position du curseur, et nous parlons de comparaison à des niveaux de qualité que peu d’entre nous peuvent s’offrir. Notamment pas moi.

Et comme expliqué précédemment, certains artistes commencent à exploiter pleinement le potentiel de la haute-définition, creusant ainsi l'écart avec les possibilités du CD.

-    Wifi ou filaire ?

C’est drôle parce que là encore la réponse n’est pas simple.
En gros mieux vaut le wifi qu’une mauvaise liaison filaire. Mais un bon filaire (sous-entendu un bon câble ou une bonne interface) surpasse le wifi, moins stable, moins sûr mais pour autant tout à fait exploitable.

Si on prend l’exemple de la solution Devialet Air, l’option wifi est excellente.
Quand elle fonctionne, ce qui est presque toujours le cas. Mais, de temps en temps, non, ça ne veut pas ; dès lors, le recours à une liaison RJ est largement recommandé.

Autrement dit, une solution filaire Ethernet ou USB est la solutions radicale. En ce qui concerne le Devialet, bien sûr, la liaison entre l'ordinateur player et le D-X reste évidemment Devialet Air, c'est le lien avec le routeur qui peut être filaire.


-    quelle solution adopter dans la pléthore de possibilités ?

Ah, sans doute la vraie question.
Nous ne parlons pas de matériel en particulier bien sûr, mais avant tout de type de solutions.

A force de tests, nous avons hiérarchisé nos choix, des procédures qui nous plaisent plus que d'autres.

-    1 : La solution des serveurs audio propriétaires ne nous enchante pas vraiment.

Tout simplement parce qu'on ne peut pas savoir quelle sera l'évolution des techniques et technologies ou l'avenir des sociétés et se retrouver dans quelques années, au moment d'un nouveau choix, d'une envie d'évoluer, avec ses fichiers prisonniers d'un système d'exploitation trop spécifique, d'un player qui n'a pas évolué, ou de tags inexploitables par d'autres players. Bof...

En outre, on peut avoir l'impression de payer très cher des serveurs informatiques du commerce coûteusement rhabillés.

Pour autant, il y a dans ce domaine de bonnes machines, évidemment, dont certaines utilisant des systèmes d’exploitation ouverts.
Il n’en reste pas moins que, si vous êtes un peu court côté mémoire disponible, c’est-à-dire si vous êtes un mélomane vorace, ça se termine assez souvent par l'ajout d'un disque dur indépendant tout à fait banal. Comme quoi.


- 2 : La solution DIY (do it yourself), à savoir PC => DAC avec tous les doubles saltos intermédiaires…

On y est très favorable, même si on estime chez staCCato que les bons résultats (je veux dire vraiment de haut-niveau) passent un peu par des usines à gaz. Pas de souci, on peut vous aider.

Ne vous y trompez pas en effet, le côté plug & play vanté par le politiquement correct (presse spécialisée en tête) peut certes donner de bons résultats mais pas absolument idéaux.

Même "asynchrone", la liaison USB laisse parfois à désirer et de plus dépend fondamentalement de la qualité du câble ; or, là encore derrière les mensonges, les bons câbles USB ne sont pas pléthore.

L'utilisation d'une petite interface de style Hiface est une bonne approche pour contourner le problème et utiliser efficacement ses chers fichiers haute-déf, à condition bien sûr de choisir un câble numérique 75 ohms digne de ce nom et qui là encore ne sera pas donné.

Enfin, si on se contente d’utiliser l’ordinateur familial avec I-tunes, là aussi on choisit la voie de la désillusion…

Bref la solution PC, si on veut l'optimiser, passe par quelques précautions, et si on veut pousser loin, par quelques impératifs.

Ci-dessous une combinaison idéale :

-    PC dédié et préparé, doté de beaucoup de mémoire vive (petite préférence pour un portable hors secteur avec SSD si on n'a pas besoin d'un stockage délirant), je vous passe les détails de la préparation, ils sont nombreux. Sauf si vous vous y connaissez bien côté ordinateurs, mieux vaut nous confier le travail.
-    un disque dur de qualité supérieure avec une liaison soignée si gros stockage.
-    un player qui n'engouffre pas dans ses joyeuses moulinettes la moitié des infos. Les bons, tout le monde est à peu près d'accord, incluent évidemment JPlay (qui ne fonctionne pas tout seul, ce serait trop beau) ou Audirvana, en gros.
-    un câble USB de course
-    une interface de style EVO de M2Tech avec une alim sophistiquée si la liaison asynchrone du DAC n'est pas top.
-    un câble num de haut-vol dans ce dernier cas
-    un DAC stratosphérique

Voyez la facture.

Mais, honnêtement on peut atteindre des niveaux de reproduction très élevés.

Ce qui est amusant, au fond, est de constater que l’approche n’est pas si différente de ce que nous proposions il y a 4 ans, mais avec un résultat quand même supérieur à force d’évolution, des players, des horloges, des câbles, et de notre maîtrise de divers vices planqués dans les PC etc…

L'inconvénient, c'est qu'il faut allumer l'ordi pour écouter la musique. Raison de plus pour qu'il soit dédié. Et équipé d'un SSD.

Nous peaufinons la mise au point d'un système dédié à partir de mini-ordinateurs totalement préparés, dédiés qui permettent de pousser très très loin la qualité tout en faisant oublier l'aspect "ordinateur" de l'utilisation.

Nous en reparlerons, mais cette formule que nous installons depuis quelques mois donne pleine satisfaction à ceux qui l'ont choisie.

Cette solution ainsi préparée et optimisée rapproche à l'usage de la dernière option :

-    3 : La solution streamer, que, à la longue nous avons fini par chercher à privilégier.

Streamer, lecteur de réseau ; chez staCCato on appelle ça une passerelle numérique.

Quelle est l'idée, pour ceux qui ne sauraient pas ?

En gros, le streamer est un appareil audio dédié (ou audio-vidéo) qui, relié au réseau, une box (avec ou sans fil selon les appareils), un NAS ou autres, va permettre d'aller chercher tout type de fichier informatique musical inclus dans cet environnement.

-    soit depuis la box pour écouter les radios internet ou, pour certains, les flux de musique en streaming direct, style Deezer, Spotify, Qobuz et depuis peu FNAC, plus destinés dans l'ensemble à découvrir des nouveautés qu'à écouter de la vraie qualité, même si l'inévitable Qobuz fait des efforts pour proposer un flux de qualité dite « CD ».


-    soit depuis un disque dur (liaison USB), un NAS (RJ45 ou dans certains cas wifi via la Box), donc un stockage de qualité si on a bien choisi les disques durs, l'éventuel logiciel de ripage, la mécanique de ripage ou des fichiers téléchargés de haute qualité.

-    soit depuis un ordinateur, un mobile ou un PAD

Selon les cas de figure, on utilisera une procédure de type DLNA ou UpNp incluse dans le lecteur réseau qui permettra d'aller chercher tout type de fichier compatible sur les différents supports dans l'environnement du réseau, soit un player si la musique est sur ordinateur ou mobile etc...

Bref la solution du lecteur de réseau est universelle (souvent très complète en terme de types de fichiers, du MP3 jusqu'au 24/192 ou DSD), facile d'utilisation une fois l'application Androïd, Pod ou Pad bien maîtrisée (hum…).
Ah oui, parce que, j'ai oublié de vous dire : pour utiliser confortablement les objets de ce type, on vous conseille fortement de transiter par un PAD qui vous servira de "télécommande" et vous permettra de vous y retrouver dans vos fichiers ou favoris sans vous user les yeux sur un écran minuscule sur la machine (quand il y en a un !) ou vous obliger un rajouter un écran de contrôle.

Ainsi gardez-vous la main sur la qualité et le type d'acquisition des fichiers qui ne dépendront pas d'un player fermé mais en revanche de la qualité et du type de disque que vous déciderez d'utiliser si vous voulez faire du stockage.

De notre point de vue, c'est la voie royale, curieusement pas si fréquente encore, qui existe sous des formes et des qualités diverses, offrant en outre l’avantage d’un appareil dédié qui ne contraint pas à avoir un PC allumé à proximité.

Sans peut-être le savoir, vous utilisez au moins partiellement une solution de ce type, ne serait-ce que pour regarder la télé ou si vous utilisez une solution de type Sonos.

Attention toutefois, alors que, en gros, le principe est de transférer du flux numérique, il ne faut pas imaginer qu’un système en vaut un autre, sans même parler de la qualité du DAC intégré, toujours contournable par un DAC externe.

Un Sonos est une passerelle magnifiquement pensée côté interface mais pas absolue côté qualité musicale.
Un ST200 Atoll ou un Soledge donnent une qualité de transfert nettement supérieure alors que les protocoles sont partiellement identiques mais les technologies très différentes.

Un Lumïn évidemment creuse le trou.

C’est exactement la raison pour laquelle cette solution du lecteur réseau est probablement la meilleure : en cas d’évolution de la gestion du flux numérique, le reste de la chaîne reste stable, n’est pas remis en question ni assujetti à des normes non transférables ou adaptables.

Voilà, en dehors de toute considération culturelle, où nous en sommes en conclusion de près de quatre ans à tester et contre-tester des options, des connexions, des interfaces, des logiciels, des préparations, des fichiers (HD ? même mensonge qu’en vidéo ? Souvent oui pour ce qui est juste du recyclage mais de moins en moins pour les sorties en cours), des appareils, des câbles, des formules magiques, des mensonges organisés, des prix effrontés…


Sommes-nous plus avancés qu’il y a 4 ans ?

Oui.

Un peu.


Bon, je vais m’écouter un petit Coltrane sur ma platine Michell


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