Nouveauté attendue venant d’Atoll ? Par moi en tout cas, oui, même avidement.
Suggéré autour de 2500 €, L’Atoll DAC300, convertisseur « numérique => analogique », est parfaitement placé en gamme. Euh… Même très au-delà de sa gamme !
Pourquoi « attendu avidement » ? Tout simplement parce que je suis en quête de convertisseurs de tout genre ou toute catégorie et jamais trop enchanté par ce que j’ai pu écouter.
Si j’ai comblé l’attente à partir de 5 000 par les Eera (avec l’agacement corollaire que ça donne l’impression que l’on s’enferme dans des codes), je n’ai rien trouvé en dessous ou alors très en dessous. Vide d’autant plus difficile à mesurer qu’un Eera Andante pourrait valoir plus si l’épanouissement musical était le seul guide d’achat.
Fortuitement, l’Atoll DAC300 est entré en lice !
C’est un Atoll, donc on en a pour son argent et ce dès l’analyse des fonctions disponibles, entrées nombreuses, variées, sorties itou dont une en symétrique et une vraie sortie casque en façade.
C’est un Atoll, donc il est beau… Euh…
En tout cas celui-là l’est, tout comme les modèles présentés depuis quelque temps, particulièrement avec sa ligne similaire mais en slim-line aux récents IN300 et 200 Signature (il faut que je pense à une petite chronique pour celui-là), simple et charmante.
Affichage net d’un bleu doux qu’on ne peut hélas pas éteindre. Ou alors j’ai pas trouvé.
C’est un Atoll, donc il devrait chanter et, à l’aune des créations normandes depuis quelques années en tout cas (je ne suis pas un connaisseur historique), sans faux col. J’étais de fait plus impatient qu’inquiet de découvrir les performances auditives du nouveau DAC.
A peine branché, sans les précautions d’usage (phase, température de fonctionnement optimale etc…), le plaisir embrase les oreilles : on tient avec le DAC300 une nouvelle référence, comme l’IN300 l’est dans la catégorie intégré tout terrain en affirmant un caractère fort, expressif, joyeux, fin dans un rapport qualité/prix de haut vol.
L’esprit du DAC300 est le même !
J’ai failli rendre l’appareil à Laurent venu nous le présenter dès son retour du parking, soit après trois minutes d’écoute :
« C’est bon, j’ai entendu, ça marche. Formidable, merci ! »
Mais Laurent est un ami : autant passer un bon moment ensemble. Et explorer plus avant cette machine.
D’autant que je ne lui ai pas facilité la tâche en l’installant dans un environnement qui ne cache rien, n’arrange rien :
Lumin U1 évidemment relié en USB au DAC300,
Grandinote Shinai,
et surtout les Adelaïda de ppfff ! Eh oui, un écrin de luxe pour un appareil à 2500 €.
Le DAC Atoll n’a pas droit à l’erreur dans ces conditions !
Câblage symétrique en Tim-Référence, mais un simple Amboise pour le secteur : autant je veux que la chaîne aval révèle tout de l’appareil sur le grill, autant fausser l’analyse d’icelui en le boostant d’emblée, surtout sans essais de compatibilité d’humeur, n’est pas un service à rendre au futur client.
Le reste de la journée passée à écouter et, à la demande de Laurent, à comparer le DAC300 ne procurera qu’un lot de bonnes surprises, aucune ne venant contrarier la perception enthousiasmante des premières mesures.
Transparence et rapidité s’affirment ouvertement. Le DAC300 fait preuve d’une franche autorité, un engagement direct dans la musique, avec un aplomb exemplaire sur un très large spectre construit sur un grave profond, aussi puissant et tenu que le reste. Car l’Atoll DAC300 ne manque pas d’énergie, bien au contraire, il empoigne l’espace avec fermeté mais prestance et dispose les intervenants dans leur relief naturel et une perspective vraisemblable.
La proposition est chatoyante et habitée, pourvoyant les notes d’un noyau ardent.
Les attaques sont vives et luxuriantes au profit d’une incisive lisibilité et d’un sens du swing qui fait partie de nos critères indispensables. Lisibilité qui – j’anticipe les craintes ! – ne rime pas avec chirurgie ou froideur (et en effet ça ne rime absolument pas).
Vivant, joyeux, le DAC300 n’en est pas moins d’une distinction sensible et touchante, sa rapidité procurant une savoureuse onctuosité sur les cordes ou les voix. Les articulations de modulation s’entrelacent mélodieusement, la machine, chantante et changeante, décrypte aisément des entrecroisements complexes de lignes sonores parfois alambiquées dans une symphonie de Pettersson (la n°5 par Christian Lindberg) ou dans le prodigieux « black rainbow » de St Vincent ; et si parfois les lignes sont un peu simplifiées, les réverbérations un peu courtes, on ne s’en rendra compte que par comparaison avec des cadors du genre.
A ce sujet, un rapide essai sur un support SSC que distribue Atoll – était-ce le Twinbase ? – a rapproché le DAC300 de l’appareil en comparaison.
Musiciens, instruments, artifices divers s’ébrouent librement dans un positionnement, un environnement et des dimensions relatives réalistes (Smetana par Jerusalem, Tchaïkovski par Lisa Batiashvili ou toujours St Vincent sur un fichier pourtant pas des meilleurs).
Le développement harmonique respirant n’essuie ni boursouflure ni rétrécissement, dans une extension dynamique en constants entrechats, sans pallier ni contrainte ni scories, qui n’admet aucune dureté ou réduction dans la cohérence globale. Encore un point qui fera le trou avec la plupart des compétiteurs je pense.
La rigueur est de mise, au sens où le DAC300 ne se mêle pas d’intervenir dans l’histoire que nous racontent les musiciens, il en est le relais direct, une fluide courroie de transmission, s’efface autant que possible, humblement, et si certes les rares appareils que nous avons sélectionnés (notablement plus coûteux) nous rapprochent plus encore des hommes, l’Atoll nous en dévoile d’ores et déjà l’essence physiologique, la fibre vitale.
Une telle machine à musique nous manquait dans un rapport qualité/prix aussi favorable.
Elle touche au cœur par sa justesse et son honnêteté, et l’évidence hédoniste installée dès les premières secondes n’a pas connu le moindre bémol pendant 5 heures d’essais, sur des fichiers de tous genres, techniquement (16 ou 24 bit, fréquences d’échantillonnage variées ou DSD) ou musicalement (du violon solo d’Anne-Sophie Mutter dans la superbe Folia de Penderecki à « my name is mud » de Primus, reconnaissez qu’on a ratissé large).
Je suis très heureux de l’arrivée du DAC300 Atoll, car s’il ne bouleverse pas notre hiérarchie (ouf !), il y trouve naturellement sa place, seul sur les premières marches du haut-de-gamme, et il est clair qu’il en bousculera d’autres : nous avons écouté suffisamment de bécanes indigentes (artistiquement) qui ne justifient pas leur prix pour savoir que le DAC300 va faire mal sur le marché et combler des mélomanes exigeants sans les ruiner.
Belle réussite !
Et c’est un Atoll.
Et c’est français !