viv lab TS-SUS2
Je suis toujours méfiant quand on me confie des gadgets à tester et prends généralement la précaution de multiplier les conditions de test, vérifier l’efficacité à long terme etc…
Evidemment, c’est un peu plus difficile lorsqu’on vous propose un couvre-plateau qui demande, pour des tests parlants, de régler la hauteur du bras à chaque aller-retour et donc vérifier le poids sur la pointe etc…
Mais je n’ai pas hésité à prendre le temps d’essayer le TS-SUS2, dernière création de Viv Lab, dont les bras ne cessent de m’émerveiller, considérant que ces gens savent ce qu’ils font.
Ayant reçu la boite mystérieuse sans explication préalable et mon japonais étant rouillé, j’ai d’abord craint qu’il ne s’agisse d’une variante de ces nombreux couvre-plateaux souvent gadgétiques et qui résistent rarement, passées les premières flatteries, à des tests approfondis surtout sur des platines bien conçues.
Dans le cas du TS-SUS2, on peut difficilement parler de couvre plateau dès qu’on découvre l’objet.
Il s’agit en effet d’un cercle d’aluminium dont le rebord multiplement percé semble un peu plus haut que le centre, et dont l’intérieur creusé de larges alvéoles dégage amplement la partie réceptrice du plateau.
L’objet est accompagné d’un petit palet presseur pas bien lourd que je remplacerai pour mes essais par deux autres que je connais bien dont l’excellent SSC à découplage magnétique.
En posant le premier disque sur le plateau, on comprend plus clairement une partie de son fonctionnement : le léger débordement de la lèvre extérieure permet au palet presseur de vraiment plaquer le disque sur la structure avec pour effet de redresser efficacement les disques un peu (voire nettement) voilés.
Il ne s’agit évidemment pas du seul effet mais celui-là est notable.
J’en ai mesuré immédiatement l’efficacité sur un disque fétiche (Chick Corea chez ECM, Trio Music), fétiche et néanmoins voilé où soudain les désagréments de pleurage, mêmes légers, de voile sur certaines attaquent disparaissent, enrichissant la géniale inventivité du trio (Miroslav Ladislav Vitouš et Roy Haynes). Mais l’effet va bien plus loin que cette correction mécanique.
L’apport de ce couvre-plateau est en effet remarquable, addictif, que le disque soit voilé ou non, lourd ou léger, avec des effets certes plus ou moins significatifs, mais jamais à rebours.
D’emblée la musique est à la fois plus posée, mieux installée, mieux structurée. Une allégation harmonieuse plus solide, comme si la densité globale gagnait en homogénéité, reculant le bruit de fond pour installer une profondeur des notes mieux détourée. Silence et aération acquièrent en ampleur, le faux spectacle ou la flatterie arrangeante disparaissent au profit d’une justesse supérieure des amortis de note ou croisements de lignes harmoniques…
Evidemment, tout ceci enrichit sensiblement les timbres, plus aérés, mieux ordonnés, ainsi que le défilement rythmique mieux tenu et donc plus varié, un déroulement mélodique à la fois plus souple et mieux cadencé.
Le ressenti des matières gagne significativement et assez nettement sur certains disques, la structuration de l’espace devenant plus stable.
Certains apports du TS-SUS2 s’apparentent sans problème à ce que donnerait une cellule supérieure, toutefois bien plus coûteuse que lui et d’autres sont d’un ordre plus difficile à estimer, déjà par le simple fait de pouvoir remettre à plat des galettes tordues.
Cet objet qui, on l’aura compris, n’est pas un gadget. Est-il adapté à tout type de plateau ? Je ne vois pas pourquoi il ne le serait pas en y réfléchissant (sauf les très rares platines à aspiration), à condition d’être sûr de pouvoir opérer un réajustage de la vitesse de rotation car sa masse n’est pas neutre, et bien sûr de pouvoir aligner la hauteur du bras.
En attendant, moi je l’adopte et je vous conseille d’en faire autant…