profondeur

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Profondeur


La profondeur est encore de ces mots qui englobent des acceptions très variées.

Assez souvent la quête de la profondeur se confond avec une recherche d’un effet 3D supposé bien reproduire la scène sonore dans toutes ses dimensions, y compris bien sûr une profondeur infinie…

Les doux rêves sur l’étagement des plans, la dimension de la scène et la position relative des pupitres commencent ici !

Ce qui est d’autant plus amusant que l’on prône aussi la qualité des "moniteurs" alors que ces derniers posent clairement la scène en avant… Amusant parce que, en pratique, les enceintes utilisées sont identiques ou en tout cas réglées sur les mêmes absolus d’une phase optimisée !


Le problème de la profondeur en tant qu’image 3D, donc en relief, est que sa restitution repose sur de nombreux facteurs qui ont assez peu de rapports avec l’enceinte elle-même. Allons-y :

- les enregistrements. Respecter la profondeur à partir de sources multi-micros plus ou moins en phase… On peut douter !
- la faculté des électroniques, des câbles à respecter cette supposée profondeur !
- la position des enceintes dans la pièce : placées près d’un mur, la profondeur en prend un sérieux coup… L’écartement entre elles joue aussi.
- la nature du mur, et, plus généralement, les réactions acoustiques de la pièce
- la distance d’écoute et la distance de la zone d’écoute au mur…


On peut continuer longtemps comme ça !


Sauf que ça n’aurait aucun intérêt. Pour une raison simple. Le plus souvent la profondeur rêvée est totalement artificielle.


Sont habituellement jugées profondes, une fois encore, des écoutes dont la profondeur est identique quels que soient les disques ou musiques. Déformante. Excessive. Spectaculaire oui, mais déployant un panorama constant, détiré, caricatural, cinémascopique…

La disposition des enceintes favorisent beaucoup ce critère. C’est pourquoi, bien souvent, la préconisation est de les disposer très écartées et parallèles à l’axe d’écoute ou au mieux dirigées vers l’auditeur.


Oui, la profondeur, on l’obtient. Avec des flutes larges comme un pipe-line, des larynx de cantatrices aussi vastes que le Tanganyika…


Alors que la seule disposition qui permet d’obtenir à la fois une dimension plausible des instruments, un placement absolu des pupitres cohérent, et !!!… et des timbres enrichis est au contraire, le plus surement, assez rapprochée et pincée devant la zone d’écoute, un bon mètre en avant ! Aussitôt, la profondeur devient tout à fait autre chose : de l’air autour des instruments, une lisibilité des pupitres, la liberté pour l’esprit de se promener au gré des timbres, des matières, se concentrer à tout moment sur quelque instrument que ce soit, même enfoui dans la masse explosive des tutti…

Ah oui, c’est moins large… Mais au moins est-ce cohérent. Oui, cela peut sembler moins profond. Mais quel bonheur de sentir la profondeur varier d’un enregistrement à l’autre, certains semblant venir de très loin, d’autres au contraire projetés parce que c’est ainsi qu’ils ont été faits !

La profondeur est celle de la matière des instruments, la capacité de l’esprit à baguenauder, pouvoir focaliser à tout instant sur un endroit précis de la musique, la flute immergée dans le fatras d’un tutti, la superposition des acteurs de la petite harmonie, le tout dans une dimension intrinsèque cohérente…


La profondeur ne s’exprime-t-elle pas plutôt, dans ce cas de figure idéal, par cet autre sens du mot : un homme est profond lorsqu’il a du charisme, que ces propos ont de la densité. On parle aussi d’une analyse profonde, de la profondeur d’un jugement. D’une voix profonde… Tout ce qui donnera du corps, de la matière, de l’intelligence, de la sensualité ou de la présence. Par opposition à ce qui est creux. Car ce qui est en creux a aussi une profondeur. Mais souhaite-t-on cette profondeur là ?


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