grandinote shinai et essenza


Italie


Grandinote et staCCato c’est une histoire qui remonte à loin.

Par une succession de hasards et rencontres, mon attention avait été attirée il y a quelques années (en 2013 pour être précis) par cette marque méconnue et j’avais obtenu du (sympathique et discret) distributeur qu’il me prête un Shinai, robuste intégré en pure classe A de 2 x 37 W, un machin assez énorme, dont l’esthétique en profondeur tient à la fois du groupe électrogène et d’une vision du futur par le cinéma de science-fiction des années 50.

En même temps, honnêtement, ça a de l’allure. Certes, quand on regarde l’architecture interne par la grille supérieure on se dit qu’on est un peu exposé à des milliers de volts, mais évidemment non, ce ne sont pas des parties dangereuses qui touchent quasiment la grille. Ça prouve en revanche que le Shinai est plein jusqu’à ras bord.

Oui, soit, mais des intégrés balèzes en classe A, il y en a quand même une tripotée sur le marché : qu’est-ce qui devrait différencier celui-là ?

Je ne m’étais pas trop posé la question avant de l’écouter et ai cru comprendre par la suite que, en gros, il utilise une topologie d’ampli à tubes, notamment via des étages de sortie sur transformateurs.

Qu’importe. Retour au passé.

Nous avions déballé cet engin, c’était au début de l’été, je me souviens, il faisait chaud, les demoiselles déambulaient dans la ville, bronzées, joyeuses, euh… je m’égare… puis nous l’avions branché, impatients et...

Bof…

Certes Armando (le sympathique distributeur) m’avait prévenu que l’appareil venait directement de l’usine, mais même si nous savons l’importance du rodage, il n’est pas rare que les premières minutes d’écoute en disent long.

Là non. C’était gris, épais, voilé.

Mais, pourtant, là où mes amis étaient déçus, je me suis dit : non, il se passe quelque chose, ce machin tout neuf affirme une sorte de caractère qui m’intéresse, du grain, une présence charnelle intéressante, je crois qu’il a beaucoup à dire derrière le voile et l’épaisseur.

Alors je l’ai fait tourner, tourner, tourner, et lentement, un peu dans le désordre, un jour oui, un jour non, l’appareil s’est épanoui, lente chrysalide de géant, il s’est transformé radicalement pour devenir une bête hallucinante, un Minotaure dans une vision psychanalytique, objet de fantasme, incarnation de la virilité désirée dans le labyrinthe féminin, la bête qui révèle tout le désir enfui, un monstre organique, d’une intensité corporelle rare, capable d’une sensualité cachée sous des muscles roulant.

Imposant une carrure de pilier néo-zélandais, ce machin paradoxal semble prendre plaisir à cueillir des fleurs et les réunir en un bouquet charmant.

Solide et délicat, le Shinai de Grandinote rappelle ce que Aries Cerat fait avec du tube, toute proportion gardée soit, mais l’esprit est le même, cette sensation d’aplomb, de structuration de l’espace naturel, de timbres pleins jusqu'à la moelle, incarnés, de modulations sensuelles, d’un gargantuesque appétit de vie, d’une verve tonitruante de Falstaff pourtant capable d’enfiler le tutu et les pointes pour entamer des entrechats angéliques.

Pas universel par sa puissance et ayant une tendance à en faire un peu trop peut-être (face à la rigueur tonale d’un E650 Accuphase par exemple), il semble pourtant capable d’embarquer dans son auguste enthousiasme des enceintes capricieuses…

Sachant être onctueux (cordes superbes), débordant de panache sur de la musique punchy, mordant (cuivres granuleux à souhait), sculptant des notes d’une densité rare, modulant comme un patineur artistique, il est présent partout, incarnant l’être humain que ce soit dans les murmures comme dans les éclats.

Un rien trop beau peut-être ? Un rien trop italien ? L’est-on jamais trop ? Non, c’est l’expression d’un caractère fort, ce qui fait qu’une Maserati dégage un charme que les meilleures sportives allemandes n’auront jamais en dépit de qualités objectives possiblement supérieures.

Le Shinai est un des meilleurs intégrés à transistor du monde, il chante, il suit les musiciens dans leurs élans, folies, hésitations, dans leur humanité, et les amplis de toute technologie dotés de cette capacité son trop rares pour qu’on passe à côté.

Pourquoi ne l’avais-je pas sélectionné à l’époque ?

J’avais longuement hésité me disant « marque pas connue, une de plus, encore un truc pas universel qu’il va falloir défendre plus ardemment que les piliers de la doxa etc… »

Depuis, le Shinai est repassé par le magasin.

Suivi par son évolution : l'Essenza.

Base identique, meilleurs transformateurs de sortie.

Tout un programme...


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