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apurna


 

Juillet 2018

 

Mi-juillet, nous avons eu le privilège d’une séance d’essai clairement hors normes, chez nous, à la maison. Enfin presque : staCCato. Ma seconde maison. Et puis chez Green*K design aussi. Ma troisième maison ? Euh…

Au programme, une rencontre au sommet :

Les blocs Apogée d’Apurna sur les « enceintes » Pandora de ppfff.

Bon, énoncé comme ça, ça peut aussi faire sourire : qu’est-ce que c’est que ces noms ?

Je voudrais vous y voir…

Ceci dit, la hifi nous a habitués à bien pire.

Pandora de ppfff, on ne revient pas sur la description, vous pourrez vous référer à leur présentation dans la catégorie « transducteurs ».

http://www.staccato-hifi.fr/actu-staccato-hifi/marques/transducteurs/ppfff-pandora/#consulter

Apurna, vous en avez forcément entendu parler. Peut-être avez-vous ri ou grogné ou relu trois fois en découvrant les prix affichés qui propulsent quand même les objets dans la stratosphère.

J’y ai moi vu une marque française qui ose enfin l’ultra haut-de-gamme, ce qui en soi est plutôt rare ; et qui s’évertue à réunir tous les moyens et ingrédients pour percer sur des marchés exotiques du luxe et de la performance, dynamique plus rare encore.

C’est quand même un constat déprimant que la haute-fidélité française manque à ce point d’audace, se contente d’un milieu de gamme pourtant encombré, sans parler d’objets qui sont des copies de copies de kits. Syndrome Renault / Peugeot (pas le côté kit, n’exagérons rien) ? Dans le pays du grand luxe ? Curieux non ?

Focal avec les Grande Utopia me direz-vous ? Oui, certes un contre-exemple mais issu de l’industrie comme une pensée de logique montante de gamme, réclamant un porte-étendard, excellence technique affirmée haut et fort, soit…

ppfff ose avec sa gamme Parangon, Askja ose tout seul et Apurna donc. Mettant sur la table de nombreux arguments forts.

Et tant pis pour ceux qui ricanent ou secouent la tête, les goguenards.

Le projet Apurna est celui d’un couple, Catherine et Franck Borne. Derrière « un couple » j’évite d’ajouter « de passionnés » parce que franchement ce n’est pas original, d’autant qu’on peut être passionné et incompétent. Ils décident de réaliser le rêve que monsieur caresse depuis des années : proposer un ampli de référence.

M. Borne n’est pas le seul à l’avoir envisagé, mais lui part avec un beau bagage scientifique : son projet est basé sur un grand savoir technique enrichi au fil des années par des réalisations poussées dans le domaine de l’aéronautique et du spatial, la société et les collaborateurs qu’il dirige étudiant souvent les « moutons à cinq pattes » pour des clients intransigeants qui ne peuvent pas plaisanter avec la vie de milliers de passagers ou les milliards d’une fusée.

Ainsi est prise la décision de capitaliser la somme de connaissances acquises dans les deux domaines, l’autre étant celui de l’amplification audio par des essais et approches à temps perdu menés depuis trente ans.

Trois ans et demi de R&D plus tard apparaissent les premiers blocs, une partie de la R&D ayant été dévolue à l’esthétique des objets, formes, finitions de sobres à fantaisistes mais toujours élégantes, détails obsessionnels (aucune vis apparente, mais une vue sur les arcanes de l’appareils merveilleusement disposées, comme une petite ville, où s’opposent le noir des composants au doré des circuits et connexions) ou encore la télécommande « flower power » voulue féminine.

Lorsque notre curiosité a été attirée la première fois sur ces objets, nous sommes allés voir le site et avons été plutôt perplexes devant le « look » des machins qui faisaient très « m’as-tu vu ». Même l’empilage d’une foule de modèles à Munich ne leur rendait pas vraiment hommage.

Cependant, pour les avoir déjà rencontrés chez un collègue, je savais qu’en situation, ça avait une tout autre allure. Et même du charme avec un petit côté « cabinet de grand-mère » (euh : je parle du petit meuble de luxe à compartiments ou tiroirs fermés de portes…). Ne serait-ce que parce que les blocs sont nettement plus compacts que ce qu’on imagine via les photos.

En vrai (ça se dit, ça ?) les proportions fonctionnent admirablement.

Et le fait de présenter systématiquement des finitions différentes (pour les démos bien sûr) rajoute au charme.

Nous avons pu le vérifier chez staCCato et Green*K.

Il faut être honnête, c’est même plutôt beau. Surtout posés au milieu des Pandora de ppfff : on a l’impression que les objets ont été dessinés les uns en pensant aux autres.

L’ensemble est d’un chic rare.

Cette fois le bloc du bas, enclenché sur un socle inox impeccablement vernis, est en acajou laqué, un superbe acajou fil sans rapport avec ce qu’on en connaît le plus souvent.

Le bloc supérieur est en cuir blanc avec inclusions de feuilles ou pétales colorés sur le tiers bas de l’objet, comme soulevées suite à un coup de vent ; c’est facétieux et délicat. Lui aussi vient s’enclencher sur les amarres adaptées.

Je n’ai pas fait de photos, comme d’hab ; dans mon petit audi, ça n’aurait pas donné grand-chose. Merci Philippe d’avoir osé.

La mise en route des Apogée « anime » le gros cercle central de l’appareil faisant apparaître un « flocon » de neige en transparence devant une lumière diffuse. L’effet pourrait être kitsch, mais non, pas du tout, c’est même plutôt touchant. On cherche chacun de son côté ce que ce gros œil de cyclope évoque. Le Nautilus ou La Guerre des Mondes, qu’importe, là encore une idée en apparence rococo qui donne un effet bœuf. Bravo. On souhaiterait pouvoir l’éteindre, je suppose, en usage domestique. C’est prévu, je crois.

Nous utiliserons pour les essais un DAC Accuphase DC37 (je ne dispose pas du Majestuoso Eera en ce moment) et un ensemble platine MPX + Vivlab Acoustic Float Carbone + Aurorasound VIDA Suprême pour les essais, ensemble câblé en TIM-Ref Absolue Créations.

La proposition d’Apurna de faire exister ses blocs en version ampli de puissance ou intégré est une excellent idée, je ne suis pas mécontent de regrouper les fonctions tant que ce n’est pas au détriment de la qualité finale. Et puis on simplifie le câblage.

La disposition des IEC choisie par Apurna ne permet pas d’utiliser nos câbles secteurs habituels ; il faudrait soit faire modifier la prise sur les câbles soit utiliser le raccord que propose Apurna mais dont Bruno ne disposait pas ce jour-là. En tout cas, ça existe !

Les premières minutes sont un peu décevantes, mais surtout pas de conclusion ! Allons refaire le monde autour d’un bon repas, on écoutera plus tard…

Au retour d’un sobre déjeuner, c’est déjà beaucoup mieux. Je commence à retrouver ce qui m’avait quand même grandement impressionné, il y a quelques mois, sur des AVA chez 080

… Et à l’arrivée du voyage en musique (oui j’anticipe ! L’impatience, que voulez-vous…), système bien en place, épanoui et ouvert, il n’y aura qu’un seul mot :

… !!!!

Ben oui : parfois les mots me manquent. Incroyable, non ?

 

Les prix sont stratosphériques mais, une fois n’est pas coutume, le résultat aussi.

Un système de grande classe, probablement insurpassable sur de si nombreux critères ; comme par hasard - et ce n’est pas un hasard - ceux qui contribuent à raconter la vérité pure.

 

Reprenons dans l’ordre émotionnel.

D’emblée, nous sommes séduits (saisis ?) par l’hyper précision des détails, la méticulosité mélodique, la rigueur de la scène, mais Emmanuel (ppfff), en position centrale, regrette le manque d’air, et moi je suis mal à l’aise par l’impression que les timbres sont simplifiés.

Toutefois, le contrôle est tel, sensation d’une mise en place bétonnée d’une intensité sans équivoque, ponctualisation, modulations fines, fermeté sur l’ensemble du spectre qui propose une lisibilité laissant tous les spectateurs interdits, vont si loin que je tarde un peu à décider que quelque chose ne me convient décidément pas.

Or ces timbres fades (tout est relatif) et le côté un peu étriqué (tout est euh… relatif, oui, je l’ai déjà dit) ne correspondent pas à ce que j’avais écouté il y a quelques mois sur des AVA.

Aussi je suggère d’inverser la phase secteur des amplis. Nous avons certes respecté la phase théorique, mais l’expérience a prouvé depuis longtemps que la phase théorique est… Comment dire : relative ?

La manœuvre est bénéfique : certes, nous retrouvons les imperfections de ma pièce, un peu moins contrôlée semble-t-il, mais ce n’est pas l’explication, non non ! : la localisation des objets sonores paraît moins incisive que précédemment tout simplement parce que la sensation de finesse est soudain parachevée et complexifiée par des réverbs longues empreignant l’espace d’une notion de salle d’enregistrement clairement plus explicite, des variations d’amortissement de notes plus sensibles encore qui vont évidemment dans le sens d’une éloquence supérieure ; et l’air, la respiration, les couleurs et nuances idoines jaillissent, foisonnants et emballants, impliquant des diversités de swing qui n’étaient pas tout à fait là auparavant, ce dont on ne pouvait se rendre compte puisque c’était déjà copieusement luxuriant.

Après les superlatifs les pléonasmes ! Preuve qu’on a été secoués quand même…

Le swing ? Oui, et quel swing ! Quels swings plutôt : l’ensemble Apurna / Pandora est à même de délier des écheveaux complexes, permettant à l’esprit de surfer dans des croisements rythmiques et harmoniques en totale délectation, transe communicative par l’évidence du message amalgamée à la charge émotionnelle, un balancement lascif ou percutant accointé à l’émerveillement de se sentir plus impliqué et possiblement plus pertinent. Oserais-je dire plus intelligent ? Oui : l’enrichissement culturel est au rendez-vous de la coda !

Nous connaissions la capacité de Pandora à réussir ce lien entre intellect et désarroi, les blocs Apurna subliment si possible cet accord puissant, cette plénitude charnelle.

Bruno (Apurna) n’est pas loin d’admettre, d’ailleurs sans fausse pudeur, que l’association Apurna / Pandora rehausse grandement ce qu’il connaissait de leurs appareils alors que nous sommes d’accord que les sources ne sont pas à la hauteur (un Meister Eera, un B Audio ou encore un DC950 en numérique et une meilleur cellule en vinyle nous auraient probablement pétrifiés… Médusés ? Paralysés ? Euhhh… Terrifiés ? Je cherche, je cherche mes mots)

Emmanuel est transi (encore un qualificatif), Philippe (Green*K) ému (faible… Affecté ?), pour ne pas dire bousculé. De mon côté je me dis que ces gens (Apurna et ppfff) doivent comprendre qu’il leur faut réunir leurs efforts, voguer ensemble à la conquête des marchés exotiques. L’ensemble atteint l’absolu, personne ne pourra le nier.

Parce que faire des objets luxueux dont la présentation peut évoluer en s’adaptant à tous les caprices, c’est bien mais si ces objets transcendent l’espace musical, c’est mieux non ? Or qui d’autre que ppfff et Apurna peuvent se vanter de regrouper ces valeurs ? Et dans un encombrement même pas cinglé qui plus est.

Dès lors le prix n’est plus un problème s’il a l’exception, l’unicité pour objectif.

Nous entendons via cette combinaison un épanouissement d’informations que nous ne pouvions même pas deviner auparavant, au service de la gloire harmonieuse évidemment. C’en est même d’autant plus perturbant que précisément les sources sont un peu en dessous. Et que nous savons fort bien tout ce qu’on pourrait gagner avec des câbles Tim-Signature par exemple. C’est très difficile de décrire l’infinité de petits déhanchés mélodiques et harmoniques, comme en filigrane, qui pétillent derrière ou autour des lignes majeures, déjà seulement plus ou moins bien décryptées par des systèmes indignement ambitieux. Et ces pépites souvent égarées ou décalées fondent en coulée d’or des plus pures dans les intonations, pastellisations ou éclats des musiciens.

Vocalité supérieure, sens du grain affiné à l’aune des spores, de la matière tangible, caresse sensuelle et coup de poing percutant, chatoiements bigarrés ou carnations diffuses, tout est possible, magnifiant la prise de possession de l’espace par les Pandora.

On a l’impression d’un ensemble à même de réaliser un agencement ou plutôt un accomplissement de ce que nous avons aimé à divers moments, dans des combinaisons formidables mais hybrides par comparaison :

Tel grand moment lors de la découverte des extravagantes Anima de Tune Audio portées par les splendides (musicalement) Aries Cerat.

Grande Castine (hormis le grave) transfigurées par le VAN ppfff

Les Living Voice Vox Olympian amplifiées par de très beaux Kondo quand même un peu à la peine.

Les Wilson Benesh Cardinale encadrées par une bordée de CH Précision.

La rencontre (le choc) avec le DC950 sur les AVA.

Ou la formidable combinaison de Munich (la plus homogène à ce jour ?) : Eera Meister (on a hâte de le tester à fond) + Grandinote Genesi & Futura sur Pandora, le tout confié à un câblage intégralement Tim-Signature

 

Dans une terminologie plus hifi (pas trop notre truc pourtant), grave et extrême grave, livrés avec une vigueur de titan, sont d’une plénitude de couleur, de grain, de modulation que, pour le compte, je n’ai jamais connue. C’est évidemment un bonheur lorsque les déploiements harmoniques n’atrophient jamais le lien entre eux, une expérience en l’occurrence unique, sauf peut-être une fois sur une enceinte expérimentale (et réussie) basée sur un pavillon arrière…

Bien que n’étant pas fan de ce genre de démo, j’ai essayé un difficile disque d’orgue contemporain, une œuvre par ailleurs profonde, effrayante, douloureuse, jouée sur un orgue de conservatoire dont les timbres ne sont les plus aboutis qu’on puisse rêver. Qu’importe : l’intensité dramatique est à son comble grâce à la combinaison Apogée / Pandora qui différentie clairement ce qui appartient à l’air traversant le tuyau et ce qui en sort dans son développement naturel. Or, cette œuvre (La Trahison de Judas, Jacques Pichard, j’ai oublié de le dire) s’appuie sur deux « excès » : un déferlement sonore d’une rare férocité douloureuse, et un long mouvement progressif, englué, joué au pédalier, qui submerge de plomb les épaules du pêcheur. On profite à fond du double tableau : la scène ne tremble pas quand déferlent les hurlements de la folie, et les évolutions sur le pédalier font vibrer les organes par une accessibilité impeccable des tréfonds sonore ou de l’âme.

Sur tout type de musique, la scène - elle sculpte l’espace avec une stabilité que seules quelques toniques de pièce, clairement isolées et donc nettement moins gênantes que d’habitude, peuvent contrarier sans gravité - et l’image sonore prouvent un accomplissement qui repoussent plus loin encore ce qui nous émerveillait déjà sur les Pandora, accompagnant une tenue sur les signaux les plus faibles qui ne se délestent pas d’une once de chair et densité, incitant à penser que nous avons affaire à de la classe A. Même pas : alors que l’ampli délivre plus de 400 W, il préserve la sensibilité, la même structure hadale des notes et impacts ou soutiens sur les instants les plus ténus, ne déviant jamais de la probité, et amenant Pandora plus loin encore dans l’évocation d’un système à pavillon, avec l’exaltation harmonique, la cohérence en plus.

Car la particularité de ce que nous entendons, certes appartenant grandement à Pandora, est la qualité de discipline constante sur la totalité de l’immense ambitus ! Permettant d’isoler clairement les toniques de pièce, gommant ce que nous pouvions envisager comme des petits défauts de l’enceinte ; elle définit, du grave à l’aigu, une réceptivité fascinante dans les plus infimes variations de timbres ou rythmes.

Or, si cette notion de tenue est souvent employée pour définir un contrôle du grave, elle est ici flagrante jusque dans le haut du spectre. On peut connaître cette sensation sur des tweeters à compression mais décolérée du reste du spectre, sauf sur des beaux systèmes à pavillon particulièrement réussis (je pense ici à Vox Olympian de Living Voice dont la mise en phase est un modèle du genre). Pandora matérialise un aigu qui a le corps de ce genre d’enceinte ou de tweeter mais dans une intégrité idéalement homogène sur l’ensemble du spectre, comme un seul HP parfaitement linéaire, même dynamiquement. Or, les blocs Apogée d’Apurna vont soutenir cette compacité vibrante par des circonvolutions harmoniques aussi charpentées que lumineuses gravant une corpulence constante, un noyau égal aux notes à tout instant, tout niveau, de décibels ou de complexité.

Et c’est probablement cette partie de l’expérience qui définit clairement en quoi ce système bouleverse les normes : le centre de gravité, tonal, physique, corporel de la musique, est parfaitement probe, concret, palpable, le cœur gros et l’ardeur vibrante.

Bruno est enthousiasmé par tout ce qu’il entend, des musiques aussi différentes que possible, sans tomber dans la facilité du trio dépressif ou de la « chianteuse » de jazz ou du classique de la pop qu’on connait par cœur et qu’on n’écoute plus (hélas), autant de scies qui passent partout, n’ayant jamais ressenti, de son propre aveu, que la reproduction musicale pouvait atteindre un tel degré, l’émotion partagée devenant alors un bloc qui ne se détaille pas. Il a certes connu de bien belles écoutes (il cite prioritairement les AVA de ppfff et les MBL 101E MKII qui l’ont particulièrement impressionné) mais en admettant que la richesse expressive, le naturel et la précision de scène et des étagements sont en dessous de Pandora. Diplomatie ? J’en doute.

Emmanuel et moi, au même moment, éprouvons le besoin de dire que nous n’aurions sans doute jamais cru, il y a quelques années encore, pouvoir autant apprécier une électronique à transistors pour en avoir eu une flopée entre les oreilles.

Mais honnêtement, Grandinote, CH Précision, Apurna, nous obligent à reconnaître que, quand c’est bien fait, franchement, ça marche. Je parle d’exception, vous l’aurez compris. Bien sûr d’autres amplificateurs permettent de vivre agréablement en musique. Là c’est autre chose. Un cap difficile à concevoir mais aussi sublime que le choc face à une grande, très grande œuvre d’art.

Certes, la restitution proposée ce jour-là peut manquer, comme ça, à froid, un brin de magie qu’on a pu croiser parfois, à supposer qu’elle ne soit pas artificielle, mais Emmanuel et Philippe, puis Yves un peu plus tard, ému, secoué, enthousiaste, s’en passent aisément devant le constat d’une indéniable vérité, et de mon côté je n’ai pas de doute que la source permettrait sans aucun doute de la retrouver, cette petite folie perdue tant il est facile de séparer qui fait quoi dans cette configuration :

  • l’absolue vérité de l’ensemble ampli / enceinte
  • La limite de transparence pure des sources, un peu simplificatrices à l’aune du reste du système
  • Les coquetteries de la pièce, assez peu gênantes au fond dans cette configuration
  • Et l’intuition de ce qu’un cran de plus en câbles, traitement secteur ou autres pourrait encore apporter.

C’est le point noir de cette journée : l’évidence que nous sommes contraints d’aller jusqu’au bout. Meilleur DAC, meilleurs câbles (attention, nous partons déjà de loin. Simplement un tel ensemble réclame plus), une mise en œuvre plus poussée pour atteindre l’entéléchie.

Une réserve ? Oui et non.

  • Non. Non parce que les Apurna ont raison. Eh oui, c’est comme ça.

Ainsi avec les Apogée d’Apurna va-t-on plus loin encore dans le constat de l’évidence déjà décrit dans les articles sur Adelaïda et Pandora, une compréhension plus fine encore, une maîtrise du sujet aboutie, creusée dans le coeur, obsédante. En effet, comme je l’ai expliqué dans l’article sur les Adelaïda de ppfff, quand un appareil de reproduction sonore a raison, le nier s’apparente à la mauvaise foi. Bien sûr, on a parfaitement le droit de préférer une concession arrangeante !

  • Oui. Oui parce qu’en l’absence d’une source d’exception (je veux dire à la hauteur), la tension permanente d’une reproduction au cordeau, sur le fil, sur le nerf, fait un peu regretter certains instants de lien organique que nous avons pu connaître parfois, même si pas tout à fait justes.

Pour autant, l’expressivité est au zénith !

Est-ce lié à la rapidité ahurissante ? Laissant Bruno pantois qui n’avait jamais connu une telle réactivité, « dynamitant » chaque signal, distillant cependant la dynamique avec une sérénité qui la rend moins spectaculaire que parfois mais si vraie, décantée de toutes scories ou flottements. Honnêtement, je me demande si l’Apogée n’est pas l’ampli le plus rapide que je connaisse, procurant une minutie aux musiciens qui est franchement inhabituelle. Car bien évidemment telle vélocité dénoue aussi impeccablement les fins de note, leur procure une ductilité pleine et frémissante.

L’éclairage est intégral, honnête, sans une once de variation, mettant à nue la pudeur ou l’impudeur des sources et, mieux, des artistes d’autant plus humains qu’ils sont faillibles. Eux-mêmes ne se sont évidemment pas entendus comme nous le faisons ce jour.

Ce qui pose une question intéressante sur le regard qu’ils portent sur leur propre travail. Certes, ils savent, mais n’iraient-ils pas plus loin dans leur approche, leur exigence, leur inventivité sur un système tel qu’Apurna / ppfff qui leur rend un hommage dévot mais ne leur fait pas de cadeau !

 

CH Précision, Grandinote, Apurna : que de découvertes en quelques années.                                

Etablir un palmarès entre ces objets d’exception n’a pas vraiment d’intérêt ni de sens.

Je garde un petit faible pour Grandinote, pour moi de l’ordre de la relation passionnelle, un lien personnel, affectif, la petite note de poésie justement.

Un ensemble CH Précision complet (DAC, horloge, préampli et ampli de puissance) fausse un peu l’éventuelle comparaison par les performances remarquables, supérieures du DAC + Horloge, et il se peut que l’ensemble crée un lien organique à la musique plus plein. Bien sûr, je n’ai pas écouté cet ensemble sur des Pandora. Pour autant, on finit par savoir : en toute objectivité, l’Apurna a raison, plus constant, sur le fil, plus droit, plus rigoureux, il va tout simplement plus loin, nettement, objectivement, sans humour ou état d’âme. Peut-être parce que le créateur ne s’est rien interdit, n’a pas fait de concession acceptant que le prix d’un tel appareil n’a que le sens qu’on lui donne, le plaisir de la différence dans le respect de la vérité. D’autres l’ont tenté avant lui, mais sans le même talent.

La hiérarchie est donc respectée, la facture finale est fondée aussi bien sur un plan d’expression musicale que de rapport à la conception de l’objet : les Apurna se démarquent nettement par les propositions de finitions, par l’architecture générale, par les performances de toutes sortes.

Apurna ampli idéal ? Peut-être, mais attention : l’ampli ne fait pas tout ! Ni la source, ni les enceintes, ni les câbles…

La dernière partie de la journée s’est conclue chez Green*k où nous avons branché, par curiosité, les Apogée sur des enceintes réputées pas faciles à driver. A priori le terrain d’excellence des amplificateurs Apurna.

Mais le résultat s’est avéré décevant, moins bon qu’avec un (excellent) amplificateur à 4500 €.

Pourquoi ? Parce que les amplificateurs submergeaient les enceintes, les mettaient à genou, les éreintaient.

Une excellente leçon : vouloir tricher ne sert à rien et aucun des éléments d’une chaîne ne peut outrageusement surpasser les autres. A l’encontre des pensées communes de la hifi, il ne s’agit pas de complémentarité, mais un appareil foncièrement supérieur détonne, enfonce le clou de la médiocrité ou des limites environnantes.

A bon entendeur.

Alors, un bravo d’or pour les Apurna ?

Non : de diamant !



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